Prix Bayeux des correspondants de guerre : un lauréat birman doit rester anonyme pour sa sécurité, une première
En Birmanie, la junte militaire a pris le pouvoir en février avant de procéder à de nombreuses arrestations. Les journalistes sur place craignent pour leur sécurité.
Le Prix Bayeux des correspondants de guerre a couronné samedi 9 octobre pour la première fois un lauréat qui doit rester anonyme pour sa sécurité, après un reportage dans son pays en Birmanie. "On était tous d'accord" pour attribuer le prix dans la catégorie photo à ce reportage publié par le New York Times, et réalisé par un professionnel, a précisé à l'AFP le président du jury du 28e Prix Bayeux, le grand reporter franco-iranien Manoocher Deghati.
Le jury a voulu mettre en avant "les conditions dans lesquelles travaillent [en Birmanie] de très jeunes photographes, professionnels ou amateurs, et l'importance du sujet", a ajouté son président, qui a dû fuir en 1985 son pays d'origine, l'Iran, où sa vie était menacée. Certaines photos du reportage primé font partie de l'exposition "Myanmar Printemps 2021" qui repose sur le travail de plusieurs Birmans anonymes et est proposé jusqu'au 31 octobre dans la chapelle de la tapisserie de Bayeux.
"Depuis le coup d'Etat militaire, nos journalistes n'ont pas été en sécurité une seconde. Je vis dans une cachette depuis le 1er février", selon un témoignage écrit de l'un d'eux présenté à l'exposition. Ce prix "montre que la photographie est en train de devenir un truc plus important dans notre vie parce que tout le monde fait de la photo, les citoyens journalistes, c'est vraiment très positif", a ajouté Manoocher Deghati.
De l'Afghanistan au Yemen
En presse écrite, Wolfgang Bauer, né en 1970, reçoit à la fois le Prix du jury international et le Prix Ouest-France Jean Marin, pour un article diffusé par le journal allemand Zeit magazin, "Among Taliban" ("Parmi les talibans").
Les Bosniens Damir Sagolj et Danis Tanovic eux remportent à la fois le prix dans la catégorie télévision Grand format, et dans la catégorie Image vidéo. Ils sont récompensés pour "When we were them" ("Quand nous étions eux"), un reportage sur les milliers de migrants perdus dans le nord de la Bosnie-Herzégovine et diffusé sur Al Jazeera Balkans.
En radio, le Prix du jury international est décerné à Margaux Benn pour "A Kandahar, des villages entiers sont devenus terrains minés", un reportage "éclairant", selon le président du jury, diffusé sur Europe 1. En télé, il est attribué à Orla Guerin et Goktay Koraltan pour "Les tireurs d'élite au Yémen" diffusé sur la BBC. Ils reçoivent aussi le prix des lycéens. "C'est une histoire incroyable de tireurs d'élite qui tirent sur des enfants. C'est horrible", a précisé Manoocher Deghati.
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