Brésil : le gouvernement veut "étouffer" l'enquête sur la corruption, dénonce l'ex-avocat général
Licencié, l'ancien avocat général du Brésil règle ses comptes dans la presse brésilienne.
Il n'a pas l'intention de se laisser faire. Licencié vendredi par le gouvernement de Michel Temer, l'ancien avocat général du Brésil accuse, dimanche 11 septembre, ce dernier de vouloir "étouffer" l'enquête sur la corruption liée au géant public pétrolier Petrobras qui éclabousse ses alliés. "J'ai été licencié parce que j'ai contrarié de nombreux intérêts. Le gouvernement veut étouffer l'Opération Lavage Rapide [l'enquête sur la corruption à Petrobras] car il a très peur de sa portée", a déclaré Fabio Medina Osorio à l'hebdomadaire Veja.
Selon lui, les frictions avec le gouvernement conservateur de Michel Temer ont commencé il y a trois mois. Il dit avoir à l'époque réclamé aux entreprises impliquées dans le réseau de corruption de rembourser Petrobras de l'argent détourné, puis demandé d'avoir accès aux enquêtes concernant les responsables politiques haut placés. "Le ministre Eliseu Padilha m'a conseillé de rester en dehors du dossier de l'Opération Lavage Rapide", souligne-t-il dans un autre entretien, avec le quotidien O Globo, dimanche.
"Je ne ferai jamais cela", se défend le président
Le président Temer a réagi dimanche dans une interview également accordée à Globo en disant qu'"il serait absurde de la part du pouvoir exécutif, d'intervenir dans l'enquête". "Je ne ferai jamais cela. Je suis très conscient de la lettre de la Constitution. Il n'y a pas la moindre possibilité d'intervenir", précise-t-il.
Au cours des deux dernières années, cette enquête Lavage Rapide a mis au jour un vaste réseau de corruption au sein de Petrobras qui a coûté plus de deux milliards de dollars à la compagnie publique phare du Brésil et a bénéficié à des dizaines d'hommes politiques de divers partis, à des entrepreneurs du BTP et à des directeurs de Petrobras.
L'enquête a aggravé la crise politique brésilienne qui a abouti à la destitution très controversée de la présidente de gauche, Dilma Rousseff, le 31 août dernier pour maquillage des comptes publics, une pratique à laquelle ses prédécesseurs ont largement eu recours. Michel Temer va la remplacer jusqu'à la fin de son mandat (fin 2018).
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