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Polémique sur la paternité du Christ de Rio

C’est sans doute la statue la plus célèbre au monde. Le Christ rédempteur qui du haut du Corcovado domine la baie de Rio est l’œuvre du sculpteur français Paul Landowski. Une paternité mise à mal par quelques Brésiliens qui préfèrent l’attribuer à l'un des leurs, le chef de projet Silva Costa.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le christ du Corcovado domine la baie de Rio depuis 1931. (AFP)

Qui est le vrai père du christ rédempteur de Rio ? Cette question agite deux camps : brésilien et français. D’un côté, la famille de l’ingénieur brésilien Silva Costa, de l’autre, l’association qui protège l’œuvre du sculpteur Paul Landowski.
 
Car le Christ du Corcovado est le fruit d’un travail d’équipe. Le sculpteur français a dessiné cette statue à la demande de Heitor da Silva, l’ingénieur qui a coordonné la réalisation de l’œuvre et qui y a consacré toute sa vie.
 
Le projet titanesque voit le jour en 1921. Il s’agit de commémorer le centenaire de l’indépendance du Brésil, et surtout de réaffirmer la toute puissance de l’Eglise brésilienne. On décide de bâtir un christ de 30 mètres de haut sur un des monts qui domine la baie de Rio. Au départ, on pense au Pain de sucre, ce sera finalement le Corcovado et ses 704 mètres d’altitude.
 
En 1923, le projet d’Heitor da Silva Costa est retenu. Et pendant que l’Eglise lance une vaste collecte de fond, l’ingénieur se rend en France pour y rencontrer Paul Landowski.
Le sculpteur est connu dans le monde entier, y compris au Brésil. Il a en effet réalisé trois allégories en pierre pour le palais Pratini à Porto Alegre.
 
Une main de trois mètres de long
Landowski va «inventer» le Christ, le dessiner puis fabriquer une maquette en plâtre de quatre mètres et enfin sculpter trois éléments grandeur réelle: la tête et les deux mains. Des éléments qui font tous plus de trois mètres de long.

Les trois éléments sont amenés à Rio et le reste de la statue est bâtie sur place. On choisit la stéatite, une pierre de taille tendre et facile à travailler, appelée aussi pierre à savon, qui abonde au Brésil.
Vu la taille de l’œuvre, la statue n’est pas en totalité sculptée. Le corps est composé de plaques de stéatite posées à la façon d’une mosaïque sur une structure en béton armé de 1200 tonnes. Celle-ci a été conçue par un autre Français, l’ingénieur Albert Caquot.
 

Paul Landowski à son bureau.  (Ronde-bosse)

Aujourd’hui, la petite-fille de l’ingénieur brésilien Heitor da Silva Costa entend minimiser le rôle du sculpteur français. Elle a réalisé deux films et publiera bientôt un livre pour appuyer sa thèse.
L’association des amis du musée Paul Landowski s’en est émue. Mais lors d’un colloque en 2012, elle a obtenu le soutient des chercheurs y compris brésiliens comme l’historien de l’art Adon Peres ou le spécialiste de l’Art Déco brésilien Marcio Roiter.
 
Le Christ du Corcovado est bien né de l’imagination de Paul Landowski. Le sculpteur a peut-être commis l’erreur de céder ses droits d’auteur à Silva Costa qui voulait réaliser des répliques pour financer le projet. Landowski s'est ainsi un peu mis en retrait.  Ces répliques ont connu un franc succès et pas seulement dans les boutiques de souvenirs cariocas.

Car au Brésil, plus de 130 villes possèdent leur christ sur le modèle de celui de Rio. 

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