Cambodge : un nouveau procès du régime Khmer rouge
Ils ne sont plus que deux. Deux anciens hauts dirigeants Khmers rouges comparaissent à nouveau à compter de ce mercredi, devant le tribunal de Phnom Penh parrainé par l'ONU. Nuon Chea, 88 ans, l'idéologue du régime, et Khieu Samphan, 83 ans, le chef de l'Etat du "Kampuchea démocratique" - le nom que les Khmers rouges avaient donné au Cambodge. A l'ouverture du premier procès, en 2011, quatre anciens responsables étaient dans le box des accusés : Ieng Thirith, la ministre des Affaires sociales, a été jugée libérée en 2012, pour cause de démence ; son mari Ieng Sary est mort l'an dernier à 87 ans.
Pour tenter d'obtenir au moins un verdict avant la mort des protagonistes de l'histoire, la procédure judiciaire a été découpée en deux. Un premier procès s'est ouvert en 2011 - le verdict est attendu le 7 août prochain. Il s'est concentré sur les crimes contre l'humanité : déplacements forcés de population, lorsque les villes ont été vidées, et leurs habitants envoyés à la campagne.
Génocide de Vietnamiens et de Chams
Le deuxième procès, qui s'est formellement ouvert ce mercredi, doit aborder les questions de génocide - des massacres contre 20.000 Vietnamiens, et 100.000 à 500.000 Chams (sur un total de 700.000) , la minorité musulmane du pays. Il sera aussi - et surtout ? - question des mariages forcés et de viols commis au nom de l'Angkor, la doctrine révolutionnaire, des crimes commis en masse, comme à la prison de Phnom Penh, S21, où 15.000 personnes ont été torturées et tuées. Son gardien, Douch, a été condamné à la perpétuité.
C'est "immensément important pour les survivants" parce que le champ du premier procès était "relativement limité", note Anne Heindel, conseillère juridique du Centre de documentation du Cambodge. Ce deuxième procès va permettre de constituer un "dossier de preuves sur (le processus) de prise de décision qui a conduit aux vastes horreurs" .
L'audience de ce mercredi n'était consacrée qu'à des questions de procédure. L'examen des faits ne débutera pas avant septembre. Selon le porte-parole du tribunal, le procès pourrait durer jusqu'en 2016.
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