Canada : trois questions sur l'espionnage de plusieurs journalistes par des policiers
Les autorités canadiennes ont confirmé à sept journalistes canadiens que leurs communications ont fait l'objet d'une surveillance.
La police de Montréal était au bout de la ligne. Depuis lundi 31 octobre, Radio-Canada et le journal La Presse ont révélé que les téléphones mobiles de sept journalistes québécois ont fait l'objet d'une surveillance par les autorités. Franceinfo revient sur cette affaire.
Qui sont les journalistes espionnés ?
Lundi 31 octobre, le journal La Presse révèle que les numéros d'appels entrants et sortants du téléphone du journaliste Patrick Lagacé ont été collectés durant les premiers mois de 2016.
Grosse journée. Merci à tous ceux qui ont exprimé aujourd'hui leur dégoût face aux manoeuvres du @spvm contre la liberté d'informer.
— Patrick Lagacé (@kick1972) 1 novembre 2016
Cinq autres journalistes surveillés ont ensuite été identifiés, ainsi qu'un septième dont l'identité n'a pas été révélée par son média. Parmi eux, l'animateur vedette de la matinale de Radio-Canada, Alain Gravel, dont les téléphones ont été mis sous surveillance à l'automne 2013.
À mon tour d'avoir la confirmation comme quoi j'ai été visé par des mandats de cour pour obtenir le registre de mes appels par la SQ.
— Alain Gravel (@gravela_rc) 2 novembre 2016
Radio-Canada a révélé que ses trois salariés concernés étaient des journalistes d'un magazine d'investigation à l'origine de révélations sur un gigantesque scandale de corruption entre les entreprises de BTP et les partis politiques.
Qui a organisé cette surveillance ?
Selon Radio-Canada, c'est la police provinciale, la Sûreté du Québec (SQ), qui a obtenu des mandats lui permettant d'accéder au registre des appels entrants et sortants des journalistes. Les conversations n'ont pas été enregistrées.
Guy Lapointe, porte-parole de la SQ, a expliqué mercredi soir à la radio 98.5 Montréal que la police avait cherché à déterminer l'origine des fuites ayant permis la divulgation dans la presse du contenu d'écoutes téléphoniques révélant le scandale de corruption.
Le patron de la police fédérale, le commissaire Bob Paulson a tenté de rassurer les journalistes. "Je suis très sensible à la liberté du journalisme", a-t-il dit lors d'un point de presse en assurant être "respectueux du besoin des journalistes de faire leur travail librement".
Quelles suites à ces révélations ?
Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, est sorti de son silence mercredi 2 novembre en assurant que son "gouvernement défend la liberté de la presse" et qu'il fera "le nécessaire pour l'encadrer". Il déclare attendre cependant le résultat des discussions entre la ville de Montréal et la police de la ville avant de tirer des conclusions.
Dès mardi, le gouvernement du Québec a annoncé une inspection interne des trois principaux services de police de la province en condamnant la pratique policière autorisée par la magistrature. Le maire de Montréal, Denis Coderre, a réitéré sa confiance en son chef de la police Philippe Pichet. "Il a ma confiance et on ne fera pas de lynchage public", a-t-il assuré.
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