Cet article date de plus de neuf ans.

Chaque minute, au moins une fille dans le monde est mariée de force

Elles sont 11,3 millions de filles à être réduites en esclavage domestique. Ce sont aussi des filles de moins de 17 ans, qu'on oblige à épouser des hommes adultes, à avoir des enfants trop tôt, à ne pas aller à l'école. Victimes d'abus de toutes sortes, de violences, beaucoup de filles dans le monde sont des personnes de seconde catégorie qui ne maîtrisent pas leur destin.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Katmandou (Népal). Jeunes enfants travaillant seize heures par jour à la fabrication de tapis.
 (ALISON WRIGHT / ROBERT HARDING HERITAGE / ROBERT HARDING)

Dans beaucoup de pays, la femme est un individu de second ordre. Elle a régulièrement un statut de «mineur» ou de personne sous tutelle. La femme n'est donc pas jugée apte à prendre les décisions la concernant elle-même. Sachant que les filles ne sont que des femmes en devenir, on imagine aisément le peu de cas qu'il en est fait.

Les filles sont des êtres vulnérables, assujettis à la parole paternelle (ou parentale) n'ayant pas voix à quelque chapitre que ce soit, y compris ceux ayant trait à leur vie.

Mariages précoces forcés
En Asie (Népal, Pakistan, Inde, entre autres) ou en Afrique (Sénégal, Mali, Burkina Faso, etc) elles sont mariées à un âge où d'autres jouent encore à la poupée en rentrant de l'école. Chaque minute, au moins une fille dans le monde est mariée avant sa maturité physique, biologique et intellectuelle. Elles voient leur destin irrémédiablement lié à celui d'un homme adulte, qu'elles ne connaissaient pas forcément auparavant, et généralement sans la possibilité de s'élever contre cette situation qui est devenue la leur.

Ces mariages précoces les exposent à des rapports sexuels imposés et à des grossesses prématurées pour leur corps immature. Un certain nombre de pathologies sont liées à ces grossesses pas correctement surveillées, à des accouchements menés sous la houlettes de sages-femmes traditionnelles, qui ne sont pas toujours aptes a gérer les spécificités de bassins trop étroits pour livrer passage a un bébé.

Du travail à l'esclavage
Les fillettes de familles pauvres sont aussi obligées de travailler, dès le plus jeune âge, dans des familles plus fortunées, avec des (souvent fausses) promesses de scolarisation. Elles se retrouvent réduites en esclavage, à travailler comme des damnées, de l'aube au milieu de la nuit, peu ou pas payées. 

Régulièrement, l'obligation de travailler est accompagnée de mauvais traitements physiques, ou de violences psychiques. 

Il existe près de 15,5 millions d'enfants esclaves dans le monde, dont 70% sont des filles, soit tout de même 11,3 millions de fillettes et filles âgées de 5 à 17 ans.

Toutes à l'école
Mais sans être réduites à l'état d'esclaves, 62 millions de filles ne sont pas scolarisées de nos jours, et moins de 10 % des adolescentes terminent le cursus complet de l'école secondaire. C'est bien face à ce préoccupant problème que Michelle Obama à lancé la campagne : «Let Girls Learn» (laissez les filles étudier). Selon le rapport de présentation de «Let Girls Learn», l'éducation des femmes est essentielle pour la santé et la prospérité des communautés. 
Parce que ce sont autant de millions d'individus qui n'apprendront pas à lire et à écrire, qui resteront de ce fait sous-qualifiés, et qui seront plus faciles à maintenir dans un état d'asservissement permanent que quelqu'un d'éduqué, armé pour réfléchir et autonome.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.