Chine : "Derrière les gratte-ciel, il y a la dictature" (Ursula Gauthier)
Elle a débarqué ce matin à l'aéroport de Roissy Charles-de Gaulle, d'un vol en provenance de Pékin. Un aller-simple. Et ce retour en France lui a été imposé par les autorités chinoises, une expulsion en quelque sorte, puisque le renouvellement de son visa lui a été refusé. Son crime, elle l'a commis avec son ordinateur, explique-t-elle : "J'ai fait un article pour le site de L'Obs tout de suite après les attentats de Paris." Un article que beaucoup d'autres médias dans le monde avaient fait, car tout de suite après les attentats, raconte Ursula Gauthier, "la Chine s'est saisie de cette 'occasion' pour dire : 'nous aussi, nous sommes victimes du terrorisme. Voyez ce qui se passe au Xinjiang", en donnant l'exemple d'un attentat ayant eu lieu deux mois plus tôt dans une mine. Un attentat dont les autorités n'avaient jusqu'à présent "jamais soufflé mot ", d'après Ursula Gauthier. Et certainement "pas un attentat terroriste ", dit la journaliste, qui, elle, avait couvert l'évènement.
Pour Ursula Gauthier, les autorités chinoises se sont servies de cet attentat dans le Xinjiang "pour faire passer pour du terrorisme ce qui n'est que le résultat de la longue séries de frictions inter-ethniques dans cette province ."
Il n'en fallut pas plus pour que la machine s'emballe et qu'Ursula Gauthier devienne "ennemi public numéro 1". Alors que les autorités chinoises attendaient d'elles des excuses publiques pour renouveler son visa, la correspondante de L'Obs s'y est refusée.
Silence assourdissant du Quai d'Orsay
Et si elle dit avoir été bien soutenue sur place par l'ambassade, Ursula Gauthier regrette le silence de Paris, comme nombre de ses confrères français [qui ont écrit une tribune pour dénoncer la "diplomatie de paillasson" de la France] : "Paris aurait dû taper du poing sur la table, parce que Pékin ne connait que le langage de l'autorité."
Cette expulsion est aussi un message claire des autorités chinoises adressé aux correspondants étrangers à Pékin, qui sont "tous catastrophés ", témoigne la journaliste, qui en a rencontré beaucoup avant son départ de Pékin.
Continuer à écrire pour dénoncer la dictature
De retour à Paris, Ursula Gauthier n'a pourtant pas l'intention d'arrêter d'écrire sur la Chine, un pays qu'elle connait "très bien ", "une passion depuis 30 ans ." "Je contiuerai à écrire , insiste-t-elle, "même un peu plus longuement sur cet incident, très révélateur d'une dérive très préoccupante vers une dictature de plus en plus autoritaire. Derrière les gratte-ciel, il y a la dictature ", conclue Ursula Gauthier.
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