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Ce qu'il faut retenir de la visite d'Emmanuel Macron en Chine

Le président français a conclu mercredi sa première visite au pays du Milieu.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le président Emmanuel Macron et le président Xi Jinping se serrent la main lors d'une conférence de presse à Pékin, mardi 9 janvier 2018.  (LUDOVIC MARIN / AFP)

C'est la première visite d'Etat d'Emmanuel Macron en 2018, et sa première en Asie. Le président de la République termine, mercredi 10 janvier, un voyage officiel de trois jours en Chine. Un choix stratégique pour la France, qui souhaite trouver un allié de poids dans la lutte contre le changement climatique, le développement d'accords commerciaux et la coopération sur des projets d'infrastructure. Emmanuel Macron compte même réitérer l'exercice, puisqu'il a promis de revenir à Pékin chaque année. En attendant le prochain, franceinfo revient sur les enseignements officiels de cette première visite d'Etat

De gros contrats ont été signés 

Pour Emmanuel Macron, cette visite n'avait pas pour but de "venir chercher un maximum de contrats avec des montants affichés très élevés". Mais la délégation française a réussi à engranger des accords de coopération commerciale. Le président de la République a par ailleurs profité de ce séjour pour appeler la France à s'adapter au défi économique posé par le géant asiatique.

• Un centre de retraitement nucléaire. Paris et Pékin ont signé mardi un mémorandum pour un accord commercial sur la construction d'une usine de traitement des combustibles nucléaires usagés. C'est un contrat providentiel pour Areva, en proie à des difficultés : le chantier colossal devrait débuter en 2020 et durer une décennie. "Cela représente un montant de 10 milliards d'euros immédiats, cela sauvera la filière", a assuré Bruno Le Maire, le ministre français de l'Economie.

• Un contrat aéronautique. La Chine a commandé 184 Airbus A320 qui devront être livrés en 2019-2020, a indiqué l'Elysée mercredi. Cette vente représenterait un prix total d'environ 18 milliards de dollars. En contrepartie, Airbus a signé mardi un accord avec la Chine pour augmenter sa production d'appareils A320 sur le site du groupe à Tianjin, en Chine.

• Un embargo levé sur la viande bovine. Emmanuel Macron a annoncé que la Chine va complètement lever "dans les six mois" l'embargo sur la viande bovine française qu'elle imposait depuis 2001, après la crise de la vache folle. Cela fait partie de la volonté de Paris de "rééquilibrer" ses relations commerciales avec la Chine. C'est en effet le pays qui génère son plus gros déficit extérieur, soit 30 milliards d'euros en 2016. 

La France entend participer aux "nouvelles routes de la soie"

Emmanuel Macron a attaqué lundi sa visite par un pèlerinage aux sources des antiques routes de la soie, à Xian, dans le nord du pays. Un lieu historique, symbolique, qui a permis au président français de réclamer que la France et l'Europe participent pleinement aux "nouvelles routes de la soie"

Ce projet colossal lancé en 2013 prévoit la construction de routes, de ports, de lignes de chemin de fer et de parcs industriels dans 65 pays, soit plus de 1 000 milliards de dollars d'investissements. "C'est le plus important dossier [en matière de] relations internationales des années à venir et le plus important de la visite d'Emmanuel Macron", estime Barthélemy Courmont, spécialiste de l'Asie à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

"Ma volonté est que la France et l'Europe (...) soient au rendez-vous offert par la Chine", a assuré Emmanuel Macron lors de son discours. La France était jusqu'ici restée prudente face à un projet jugé parfois dangereusement expansionniste. Emmanuel Macron a toutefois assorti son ralliement d'un avertissement, en affirmant que ces routes "ne peuvent être les routes d'une nouvelle hégémonie qui viendrait mettre en état de vassalité les pays qu'elles traversent".

Les deux pays veulent lutter ensemble contre le réchauffement climatique

Le climat est le premier des défis mondiaux que la France et la Chine ont vocation à relever ensemble, a déclaré Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse avec Xi Jinping mardi, qui a sur ce sujet utilisé une formulation intéressante : "Les accords de Paris ont été menacés". S'il a évité toute référence explicite à Donald Trump, c'est bien l'absence des Etats-Unis sur le terrain de la lutte contre le réchauffement climatique qu'a soulignée Emmanuel Macron.

Pour le président français, ce changement impose un co-leadership franco-chinois dans ce domaine. Il a ainsi proposé lundi à la Chine de "relancer la bataille climatique" et de "préparer un rehaussement de nos engagements" contre le réchauffement lors de la prochaine COP 24, prévue en Pologne à la fin de l'année. Il a également annoncé pour 2018-2019 l'organisation d'une "année franco-chinoise de la transition écologique". Emmanuel Macron a salué les initiatives chinoises dans ce domaine, comme la création d'un marché national du carbone. 

La culture a joué un rôle pour la diplomatie

• Un Centre Pompidou en Chine. La France et la Chine ont conclu un partenariat pour établir un Centre Pompidou d'art contemporain à Shanghai. Le musée, qui sera accueilli dans un édifice de près de 25 000 m2 conçu par l'architecte britannique David Chipperfield, devrait ouvrir ses portes au printemps 2019.

• Un cours de chinois express. Le président français a profité de sa visite pour faire la promotion du français. "La Chine doit être une terre de francophonie", a-t-il déclaré. Mais Emmanuel Macron a également fait un effort linguistique envers son hôte. Après avoir pris un cours express avec l'interprète de l'ambassade de France, Emmanuel Macron a prononcé une phrase en chinois dans un discours, en l'occurrence la traduction de "Make our planet great again".

• Un échange d'animaux. Emmanuel Macron a offert Vésuve du Brekka, un cheval de la Garde républicaine, à la Chine. L'animal étant en quarantaine, Emmanuel Macron a dû remettre une photo de l'équidé à Xi Jinping. Cette "diplomatie du cheval" répond à la "diplomatie du panda" pratiquée depuis des décennies par les dirigeants chinois. En 2012, les Chinois ont prêté un panda à la France, et son bébé a été baptisé au zoo de Beauval par Brigitte Macron en novembre dernier. 

Emmanuel Macron a été discret à propos des droits de l'homme

Motus sur ce sujet. Emmanuel Macron avait été interpellé par les associations de défense des droits de l'homme, et notamment par Human Rights Watch qui lui avait demandé de réclamer "publiquement" au président Xi Jinping des améliorations sur ce front.

Interrogé mercredi, il assumé de ne pas évoquer ce dossier publiquement. "Je peux me faire plaisir en donnant des leçons à la Chine en parlant à la presse française. Ça s'est beaucoup fait, ça n'a aucun résultat", a-t-il assuré devant des journalistes, disant refuser de pratiquer la "diplomatie de l'hygiaphone".

Il y a des différences entre nous qui sont liées à notre histoire, à nos philosophies profondes, à la nature de nos sociétés.

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a cependant affirmé avoir abordé ces questions en privé. "Ces préoccupations, je les ai évoquées avec le président Xi Jinping. Il sait qu'elles existent en Europe, en particulier sur le sujet des libertés et des droits universels. Et je sais que pour lui le sujet est important", a-t-il promis.

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