Chine : vingt-huit ans après le massacre, les mères de Tiananmen luttent contre l’oubli
Vingt-huit ans après la répression sanglante des manifestations de la place Tiananmen en 1989, les autorités chinoises maintiennent l’omerta sur ce fait majeur de l’histoire contemporaine de la Chine. Zhang Xiang Ling, 80 ans, a perdu son fils cette année-là. Franceinfo l’a rencontrée.
Peut-être vous souvenez-vous de l'image d'un homme debout devant des chars chinois, et qui empêchait seul la colonne de blindés d'accéder à Tiananmen. Depuis plusieurs semaines déjà, des étudiants, intellectuels et ouvriers tenaient tête au pouvoir, installés pacifiquement sur la grande place de Pékin, devant la Cité Interdite.
Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, Deng Xiaoping, l’homme de l’ouverture économique de la Chine, donnait l’ordre de tirer sur les manifestants du mouvement pro-démocratie. Le bilan officiel des victimes n’a été ni publié, ni reconnu officiellement par les autorités chinoises qui, 28 ans après, maintiennent toujours l’omerta sur ce fait majeur de l’histoire contemporaine de la Chine.
Pas de répit pour Zhang Xiang Ling
Zhang Xiang Ling a 80 ans. Les larmes, puis la colère, ont fait place depuis longtemps à une détermination qui ne l’arrête pas. Comme tous les ans, elle est allée se recueillir en ce jour sombre, sur la tombe de son fils, encadrée par la police chinoise qui l’a suivie jusqu’au cimetière. Il n’y a pas de répit pour Zhang Xiang Ling, qui appartient au groupe des "Mères de Tiananmen" qui sans relâche demande au gouvernement chinois de reconnaitre le massacre des jeunes étudiants en 1989.
"On veut que justice soit faite"
"Ce qui s’est passé il y a 28 ans, c’est inoubliable pour chaque famille et chaque personne qui a été blessée, témoigne-t-elle. On était très tristes, on a trop laissé couler nos larmes, mais maintenant on ne pleure plus, la colère est enfouie dans nos cœurs. On veut que ce qui s’est passé le 4 juin soit reconnu. On veut que justice soit faite. Aujourd’hui nous sommes plus déterminés qu’hier."
Pas un mot dans les livres d'histoire
Le vent de liberté qui a fait tomber le communisme dans l'ex-URSS, puis le mur de Berlin, s’est essoufflé brutalement en Chine. Pas un mot dans les livres d’histoire. Pas de traces. Les mères de Tiananmen, elles, luttent contre l’oubli.
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