Hong Kong : jusqu'à dix ans de prison ferme pour 45 militants pro-démocratie à l'issue du plus grand procès sur la sécurité nationale

Le juriste Benny Tai a reçu une peine d'emprisonnement de dix ans, la plus longue prononcée à ce jour en vertu de la loi de 2020, adoptée après les manifestations massives en faveur de la démocratie dans cette région administrée par la Chine.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une protestataire tient une affiche montrant certains des militants pro-démocratie jugés au tribunal de West Kowloon à Hong Kong, le 8 juillet 2021. (ANTHONY WALLACE / AFP)

Un procès hors norme. La justice hongkongaise a condamné, mardi 19 novembre, 45 militants pro-démocratie reconnus coupables de "subversion" à des peines de prison allant jusqu'à dix ans, à l'issue du plus grand procès organisé à Hong Kong pour atteinte à la sécurité nationale. Les Etats-Unis, l'Australie et des ONG de défense des droits de l'homme ont immédiatement réagi en condamnant ces peines comme preuve de l'érosion des libertés politiques à Hong Kong depuis une ferme reprise en main par Pékin.

Le juriste Benny Tai a reçu une peine d'emprisonnement de dix ans, la plus longue prononcée à ce jour en vertu de la loi de 2020, promulguée un an après les manifestations massives et parfois violentes en faveur de la démocratie dans cette région administrative spéciale de la Chine. Tous les militants ont été reconnus coupables d'avoir organisé une primaire officieuse destinée à sélectionner des candidats de l'opposition en vue des législatives, pour espérer décrocher une majorité au sein de l'assemblée locale, opposer leur veto aux budgets et de forcer potentiellement à la démission la dirigeante pro-Pékin de Hong Kong alors en place, Carrie Lam.

"Gravement préoccupée" 

En dépit des avertissements des autorités, 610 000 personnes avaient voté à la primaire en juillet 2020, soit près d'un septième des habitants de l'ancienne colonie britannique en âge de voter. Les autorités ont finalement renoncé à l'élection de l'assemblée locale et Pékin a instauré un nouveau système politique qui contrôle strictement les élus de Hong Kong.

Quarante-sept personnes avaient été initialement arrêtées puis inculpées en 2021 dans ce dossier. Parmi ces dernières, 31 avaient plaidé coupable, 16 ont été jugées dans un procès long de 118 jours l'année dernière, à l'issue duquel 14 ont été condamnées et deux acquittées en mai. Les juges ont estimé que le groupe avait risqué de provoquer une "crise constitutionnelle", et 45 ont été reconnus coupables de "conspiration visant à subvertir le pouvoir de l'Etat".

L'Australie s'est déclarée "gravement préoccupée" par ces peines, et notamment celle de Gordon Ng, qui a les nationalités hongkongaise et australienne. Les pays occidentaux et les ONG occidentales ont critiqué ce procès, y voyant une preuve de l'autoritarisme croissant des autorités de Hong Kong. Les Etats-Unis ont "condamné fermement" ces peines de prison prononcées contre des militants qui avaient mené "une activité politique normale protégée par la loi fondamentale de Hong Kong", selon un porte-parole du consulat.

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