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Hong Kong : travail, logement, liberté au cœur des attentes d'une jeunesse qui redoute la "colonisation" chinoise

Pour la première fois en tant que président chinois, Xi Jinping est en visite jeudi à Hong-Kong, à l'occasion du 20e anniversaire de sa rétrocession. A l'heure des festivités, la voix revendicatrice des jeunes pro-démocrates a du mal à se faire entendre. 

Article rédigé par Dominique André, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'espace vital et et les libertés sont au centre des préoccupations de la jeune génération de Hong Kong, rétrocédée à la Chine, le 1er juillet 1997. (RADIO FRANCE / DOMINIQUE ANDRE)

Il y a vingt ans, Hong-Kong était rétrocédée à la République populaire de Chine par la Grande-Bretagne. Pour marquer cette date historique, le président chinois entame, jeudi 29 juin, une visite inédite de trois jours dans l'ex-colonie britannique. Un imposant dispositif de sécurité a été déployé pour tenir à distance les jeunes démocrates qui manifestent contre la mainmise de Pékin sur les libertés locales.

Pas d'écoute sur les attentes de la jeunesse 

La jeunesse hongkongaise est connue dans le monde entier au travers des parcours de Joshua Wong et de Nathan Law, figures du Mouvement des parapluies de 2014, marqué par des manifestations pro-démocratiquesLes deux opposants ont été interpellés mercredi 28 juin lors d'une manifestation contre l’arrivée du président chinois. 

Nathan Law, le plus jeune député de Hong Kong, a fondé le parti pro-démocratique Demosisto, avec Joshua Wong. (RADIO FRANCE / DOMINIQUE ANDRE)

Quelques heures avant son arrestation, Nathan Law, 23 ans, le plus jeune député du parlement hongkongais s’est exprimé sur les attentes d'une jeunesse, qui ne peut pas prendre, dit-il, le chemin de la contestation. 

La jeune génération pour le moment reste calme, parce qu’elle est réprimée de façon massive. Mais les cœurs vont s’éloigner de plus en plus du gouvernement chinois.

Nathan Law, député du camp démocrate à Hong Kong

à franceinfo

Selon Nathan Law, le nombre de personnes qui s’identifient avec la Chine a baissé de façon vertigineuse. "Cela veut dire qu’elles ne sont pas d’accord avec ce que fait le Parti communiste. Et le gouvernement hongkongais ne répond pas à leurs demandes", dit-il. Toutefois, le jeune député se montre très confiant, sur le long terme. "Le gouvernement chinois est fort comme toujours, mais à un moment donné, il va bien faire preuve de faiblesse", prévoit Nathan Law. 

Une "colonisation" redoutée

Andy Chan, membre du Parti national, prône l’indépendance de Hong Kong. Ce jeune, dans le collimateur des autorités chinoises comme Nathan Law, redoute une future dilution de Hong Kong dans la grande Chine. Il en voit les prémices dans la démographie. Andy Chan explique que la population locale est passée de 6  à 7,3 millions d'habitants depuis la rétrocession, en 1997, avec un phénomène d'immigration qui l'interpelle. 

C’est ok pour avoir des immigrés du monde entier, mais pas en provenance d’un seul endroit par exemple de Chine, parce que c’est une colonisation.

Andy Chan, du Parti national à Hong Kong

à franceinfo

Le jeune homme, engagé en politique, se plaint de devoir utiliser la langue chinoise. "On doit apprendre leur culture et tout le reste", déclare-t-il. 

Le problème crucial du logement 

Pour les jeunes, nés après la rétrocession, trouver un travail ou un logement  convenable, à un prix abordable, devient très difficile. La situation est dénoncée par Fergus Leung, un jeune syndicaliste de l’Union des étudiants de l’université de Hong Kong.

L’espace vital d’un Hongkongais se résume à la superficie d’une place de parking. Une enquête montre que nos appartements sont juste assez grands pour héberger trois cochons.

Fergus Leung, syndicaliste étudiant

à franceinfo

Fergus Leung compare cet état des lieux à la situation décrite par ses parents. Ils pouvaient grimper sur l’échelle sociale grâce à leur travail et à leur détermination, dit-il. "À l’époque, les gens avait un avenir à Hongkong. Ils étaient plus optimistes que nous aujourd’hui."

Un malaise majoritaire au sein de la jeune génération 

Une enquête publiée par l’université de Hong Kong, réalisée auprès de 1 000 jeunes gens début juin, montre que seuls 3,1 % des jeunes hongkongais s’identifient comme des Chinois. Dans ce groupe restreint, Thomas Kwong, 19 ans, étudiant en sciences politiques, défend le savoir-faire de Pékin. 

C’est une grande fierté nationale que la haute technologie chinoise se développe si rapidement et que dans certains domaines, la Chine soit parmi les meilleures du monde.

Thomas Kwong, étudiant

à franceinfo

Thomas Kwong, qui se dit fier d’être à la fois hongkongais et chinois, apprécie la visite de Xi Jinping, persuadé qu'il va apporter "de nouvelles opportunités", alors que de nombreux jeunes ont prévu d’émailler la visite présidentielle de manifestations, jusqu’à samedi, jour de son départ.

Hong Kong : travail, logement, liberté au cœur des attentes d'une jeunesse qui redoute la "colonisation" chinoise - un reportage de Dominique André

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