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Persécution des Ouïghours par Pékin : ce qu'il faut retenir du rapport de l'ONU sur le Xinjiang

Le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l'homme évoque notamment de possibles "crimes contre l'humanité" et des "détentions arbitraires". 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un bâtiment de haute-sécurité dans la région de Xinjiang, en Chine, le 31 mai 2019. (GREG BAKER / AFP)

Un document publié en dépit de la pression de Pékin. Les Nations unies ont dévoilé, mercredi 31 août, un rapport (en anglais) sur les violations des droits de l'homme dans la région chinoise du Xinjiang, notamment contre la minorité ouïghoure

Ce rapport du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH) a été réalisé à partir d'entretiens et d'informations directes ou de seconde main. Le texte évoque de possibles "crimes contre l'humanité", mais ne reprend pas le terme de "génocide" utilisé par les Etats-Unis. En voici les principaux points.

Des "détentions arbitraires"

Le Xinjiang a longtemps été frappé par des attentats sanglants. La Chine accuse des séparatistes et islamistes de la minorité ouïghoure et a lancé une implacable campagne de lutte contre le terrorisme. Le rapport de l'ONU décrit ainsi un "schéma de détention arbitraire à grande échelle" au Xinjiang, "au moins de 2017 à 2019", dans des établissements sécurisés. De son côté, la Chine les présente comme des "centres de formation professionnelle" destinés à "déradicaliser" des habitants en les formant à un métier.

Le rapport onusien cite des documents, présentés comme émanant des autorités chinoises et listant une série de raisons pouvant justifier un internement pour "extrémisme", comme porter un voile ou avoir été condamné dans le passé.

Avec la fermeture présumée des centres de formation, l'ONU estime par ailleurs "qu'il y a eu une évolution vers des incarcérations formelles" afin de continuer à maintenir en détention un certain nombre de personnes. Cette méthode est devenue le "principal moyen d'emprisonnement et de privation de liberté à grande échelle", peut-on lire dans le rapport du HCDH. La Chine rejette ces accusations. Les définitions du terrorisme et de l'extrémisme sont "clairement spécifiées" et "excluent toute application arbitraire", assure-t-elle. 

Des accusations de torture jugées "crédibles"

Le rapport estime "crédibles" les accusations de torture et de violences sexuelles dans les établissements d'internement au Xinjiang. Des personnes interviewées par l'ONU disent avoir été immobilisées et battues. Certaines affirment avoir été violées ou avoir subi des "examens gynécologiques invasifs".

"Il n'est pas possible de tirer des conclusions plus larges afin de savoir s'il y a eu des schémas plus larges de violences sexuelles et sexistes" dans les centres de formation professionnelle, note le rapport. "Le total démenti du gouvernement [chinois] vis-à-vis de toutes les allégations" ont toutefois "renforcé l'indignité et la souffrance" des personnes ayant témoigné, dénonce l'ONU.

Une interprétation "extrêmement large" du terme "extrémisme"

Le rapport de l'ONU estime également que la Chine a une interprétation "extrêmement large" du terme "extrémisme", ce qui a pour conséquence de criminaliser des activités "liées à la jouissance d'une vie culturelle et religieuse". Porter un hijab ou fermer un restaurant pendant le ramadan sont considérés comme des signes "d'extrémisme religieux" qui "peuvent entraîner des conséquences graves" pour les personnes concernées, selon le rapport, qui se base sur des articles de plusieurs médias.

Le HCDH prend également note d'informations de presse "très préoccupantes" concernant la destruction présumée de mosquées et cimetières dans le Xinjiang. La Chine affirme que toutes les "activités religieuses normales" dans la région sont protégées par la loi. Elle dit avoir rénové certaines mosquées avec des fonds publics et mis en place de nouveaux instituts officiels de formation des religieux musulmans.

Des femmes racontent "avoir été contraintes d'avorter"

L'ONU a interrogé des femmes ayant déclaré "avoir été contraintes d'avorter ou de se faire poser un stérilet après avoir atteint le nombre d'enfants autorisé" par la politique nationale de limitation des naissances. "Ces témoignages de première main, bien que limités en nombre, sont considérés comme crédibles", estime là encore le rapport, qui prend note du repli du taux de natalité au Xinjiang depuis 2017.

La Chine dément là aussi ces accusations. Elle réfute toute idée de "stérilisation forcée" mais concède appliquer au Xinjiang, comme ailleurs dans le pays, sa politique sur la natalité. 

Des interrogations sur du "travail forcé"

Selon le rapport, certains éléments des programmes d'emploi au Xinjiang "semblent" présenter des "éléments de coercition" et nécessitent des "clarifications" de la part de Pékin. Le HCDH cite des documents officiels chinois mentionnant le transfert de personnes des "centres de formation professionnelle" vers des usines. Il se demande ainsi si de tels programmes "peuvent être considérés comme s'effectuant entièrement sur la base du volontariat".

L'ONU ne va toutefois pas jusqu'à reprendre l'accusation de "travail forcé", formulée par les Etats-Unis et le Parlement européen sur la base de rapports d'organisations occidentales. La Chine affirme que les "stagiaires" des "centres de formation professionnelle" peuvent "choisir librement leur emploi" et qu'ils "gagnent un salaire et mènent une vie prospère".

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