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Sommet de l'Otan : "Plus une rencontre entre chefs d'Etat et de gouvernement" qu'un véritable sommet, analyse le chercheur Yves Boyer

Le sommet n'a engendré ni grandes réalisations ni grandes décisions, d'après l'expert.

Article rédigé par franceinfo
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Les dirigeants des pays membres de l'Otan réunis en session plénière, au sommet annuel de l'organisation, le 14 juin 2021. (OLIVIER MATTHYS / POOL / AFP)

"Il ne faut pas en attendre plus que le temps consacré à ce sommet", a affirmé lundi sur franceinfo Yves Boyer, chercheur associé à la Fondation pour la Recherche stratégique (FRS) et spécialiste de l'Otan, alors que les dirigeants de l'Otan, réunis en sommet, se sont déclarés lundi 14 juin "préoccupés" par les ambitions déclarées de la Chine et par "la menace grandissante" représentée par le renforcement militaire de la Russie, lors de leur sommet annuel à Bruxelles. Yves Boyer estime qu'il y a eu, de la part des dirigeants de l'Otan "beaucoup de buzz, beaucoup d'exagération" autour de la Chine.

franceinfo : Est-ce que ce sommet a permis de ressuscité l'Otan ?

Yves Boyer : C'est un sommet qui est caractérisée par sa brièveté, parce que le temps qui lui a été consacré par les chefs d'État et de gouvernement est à peu près une demi-journée. Donc, est-ce que c'est un sommet ou une rencontre ? C'est plus une rencontre entre chefs d'État et de gouvernement. Et je crois qu'il ne faut pas en attendre plus que le temps consacré à ce sommet. Il n'y a pas eu de grandes réalisations, de grandes décisions. La Chine a été singularisée. Ils se sont plaints de l'augmentation de son arsenal nucléaire. Il faudrait quand même rappeler que la Chine, c'est 350 armes nucléaires en stock, et les États-Unis, c'est 5 550 armes nucléaires. Donc il y a peut-être beaucoup de buzz dans ce sommet, beaucoup d'exagération. Mais après tout, c'est une façon aussi d'accueillir le président Biden en Europe.

"C'est le retour de la realpolitik."

Yves Boyer

à franceinfo

Le secrétaire général de l'OTAN assure qu'il n'y aura pas de guerre froide avec la Chine. Est-ce que ça y ressemble tout de même un peu ou pas du tout ?

Ce qui est certain, c'est que les Etats-Unis sont inquiets de la montée en puissance économique et militaire de la Chine. C'est une vraie réalité. Et dans les quelques années qui viennent, la Chine dépassera économiquement les Etats-Unis. Pour ce qui est de la guerre froide, je vois mal les Européens entrer dans ce cycle de guerre froide, parce que la Chine est un concurrent systémique pour l'Union européenne. Mais elle est également un grand partenaire économique. Le premier partenaire commercial de l'Allemagne, c'est la Chine. Donc on voit mal l'Allemagne aujourd'hui accepter de recréer une situation de guerre froide à l'encontre de la Chine. Il en est de même de l'Italie, de la France et d'un certain nombre d'autres pays.

Est-ce que la crainte des Occidentaux, c'est que la Russie et la Chine coopèrent de plus en plus et à tous les niveaux politique, militaire ?

Oui. Mais ils ont le droit le plus strict de coopérer. Et je dirais que plus on cherche à éloigner la Chine du système international, plus on cherche à pressurer la Russie, plus les deux pays vont se rapprocher. Et il pourrait y avoir un jour une alliance en bonne et due forme entre ces deux pays. Donc, c'est le jeu de la grande politique, c'est le retour de la realpolitik. On peut le regretter du côté occidental. Mais c'est une réalité. La politique russe se fait au Kremlin et la politique chinoise à Beijing. Et les Occidentaux peuvent récriminer. C'est comme ça. Cela traduit aussi du côté occidental, et du côté américain en particulier, le sens d'un relatif déclin. On s'étonne que les autres fassent ceci ou cela, mais en même temps, on n'y peut pas grand-chose. L'administration Biden essaye de tirer les Européens dans leur confrontation possible avec la Chine, et les Européens, on le voit, renâclent énormément à entrer dans cette voie.

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