: Vidéo Enquête sur la chaîne CGTN, la voix du régime chinois sur les écrans français
C’est un canal controversé sur nos satellites français. Depuis quelques jours, la chaîne chinoise internationale CGTN émet depuis la France ses programmes à destination des européens. Une télévision qui représente les intérêts de l’Etat chinois. L’œil du 20 heures a déployé ses antennes.
CGTN, c’est la chaîne internationale de la télévision d’Etat chinoise, déclinée en cinq langues, dont le français. A l’antenne, on y vante par exemple les charmes touristiques de la province du Xinjiang. Loin des images du conflit politique qui agite la région, où une partie de la communauté internationale dénonce des persécutions envers la minorité musulmane ouïghoure.
Devant la caméra de CGTN, le français Olivier Grandjean, employé pour promouvoir la Chine, n'évoque pas ces sujets. Contacté, il se présente comme un animateur de divertissement non politisé, et refuse de commenter la ligne éditoriale de sa chaîne.
D’autres français sont recrutés pour défendre le régime chinois et communiquer en europe. Certains, sous pseudonymes, critiquent ouvertement le point de vue occidental, comme cette journaliste sur le site de CGTN : “je ne prétends pas tout connaître du Xinjiang en y étant allée moins d’une dizaine de fois, mais ce que j’y ai vu ne correspond en rien à ce qu’en racontent certains médias occidentaux”.
"Des réunions du Parti tous les mardis"
Parmi ces français, seule Elodie Buzaud a accepté de nous parler. Elle a travaillé pour CGTN à Pékin il y a 4 ans, recrutée par le ministère chinois des affaires étrangères. Elle était chargée de traduire en français les informations délivrées par le régime. "En fait la proximité entre le parti et la chaine est très visible," se souvient-elle. "Parce qu’il y a des réunions de membres du parti communiste tous les mardis !"
CGTN est un vecteur de communication du Parti Communiste Chinois (PCC) à l’étranger. Et c’est justement ce qui l’a fait bannir du Royaume-Uni, début février 2021 : l’ONG Safeguard Defenders avait saisi le gendarme britannique des télécoms. Peter Dahlin, son directeur, accuse CGTN de faire de la propagande : “le danger avec CGTN, c’est qu’elle coopère avec la police chinoise pour diffuser des confessions obtenues sous la torture de journalistes, avocats ou défenseurs des droits de l’homme.”
Comment cette chaîne, bannie du Royaume-Uni, se retrouve-t-elle à émettre depuis la France ? En fait, elle diffuse via un opérateur de satellites français, Eutelsat. Et la loi française n’exige pour cela aucune autorisation préalable. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ne peut donc s’y opposer sur la forme, mais compte rester vigilant sur le fond.
Si on constate un manquement, notamment en matière d’honneteté d’information et de la dignité de la personne humaine, on peut tout à fait intervenir et saisir la justice en faisant injonction à Eutelsat de couper le signal.
Roch-Olivier MaistrePrésident du CSA
Sur son site, CGTN déplore que "certains médias français s’opposent systématiquement aux médias chinois sans prendre la peine de les écouter". Ni la chaîne, ni l’ambassade de Chine en France n’ont répondu à nos demandes d’interview.
Parmi nos sources :
Décision de l’OFCOM sur la révocation de la license de diffusion de CGTN au Royaume-Uni
“Chine et fake news : ce manichéisme qui perdra certains intellecutels français”, CGTN, 1 avril 2021
“‘Mon’ Xinjiang : halte à la tyrannie des fake news”; Laurène Beaumond, CGTN, 28 mars 2021
Liste non exhaustive.
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