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Vietnam-Chine : la guerre des nerfs en mer de Chine méridionale

Le renforcement de la présence militaire américaine en Asie, avec le déploiement du bouclier antimissile en Corée du Sud, irrite le régime chinois, au moment où il avance ses pions en mer de Chine méridionale, au grand dam des pêcheurs vietnamiens.  

Article rédigé par Dominique André, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le drapeau vietnamien flotte sur tous les bateaux pour signifier la souveraineté du Vietnam sur les îles Paracels. (RADIO FRANCE / DOMINIQUE ANDRE)

Le renforcement de la présence militaire américaine en Asie, avec le déploiement d'un bouclier antimissile en Corée du Sud irrite le régime chinois, au moment où il avance ses pions en mer de Chine méridionale. Pékin la revendique dans sa quasi-totalité, face aux pays riverains, comme le Vietnam. 

>> Trois questions pour comprendre le conflit territorial en mer de Chine méridionale

À bord d'un bateau vietnamien : "la peur au ventre"

En 1974, les Vietnamiens ont été chassés de l’archipel des Paracels, situé à égale distance de la Chine et du Vietnam. Depuis, les Chinois qui s’y sont installés, repoussent les pêcheurs vietnamiens intéressés, comme les pêcheurs chinois, par cette zone, depuis toujours très poissonneuse. À bord de son bateau de pêche, Nguyen Thanh Tan, capitaine vietnamien d’un équipage de six marins travaille la peur au ventre. Ce jour-là, il scrute la mer et aperçoit un bateau des garde-côtes vietnamiens en patrouille, de retour des Paracels. "Quand on les voit, on a l’esprit tranquille. Depuis quatre ou cinq ans, on se fait attaquer de plus en plus souvent par les bateaux chinois."

Avant, ils nous emprisonnaient. Aujourd’hui, ils pillent nos bateaux et nous obligent à quitter la zone de pêche. Alors qu'eux viennent pêcher tout près de nos côtes, jusque dans nos eaux.

Nguyen Thanh Tan, pêcheur vietnamien

à franceinfo

La difficulté pour les pêcheurs vietnamiens, c’est que leurs garde-côtes n’ont pas assez de bateaux pour les protéger. Mais, devant les nombreux incidents, le gouvernement vietnamien vient d’annoncer que les moyens seraient renforcés. En 2015, Dang Dum et son équipage ont été attaqués en mer en pleine nuit. Son épouse, Pham Thi Binh, âgé d'une soixantaine d'années, témoigne de sa détresse depuis que le bateau de son mari a été éperonné par les Chinois, à 4 h du matin, en 2015.

Pham Thi Binh a perdu son mari, pêcheur, en 2015.  (RADIO FRANCE / DOMINIQUE ANDRE)

Le mari de Pham Thi Binh pêchait dans les Spratleys et les Paracels depuis 30 ans.

Le bateau a coulé. Un pêcheur a été emporté. Les autres ont dérivé dans un canot toute la matinée, avant d’être recueillis par un cargo vietnamien. Mon mari n’a pas survécu à ses blessures.

Pham Thi Binh, veuve d'un pêcheur attaqué en mer

à franceinfo

L'épouse du patron-pêcheur raconte qu'elle a tout perdu cette nuit-là. "Il ne me restait que son corps à ramener sur l’île."

Une double revendication des Paracels

Le Vietnam et la Chine se disputent la souveraineté sur l’archipel et s'appuient sur des éléments très anciens. L’historien vietnamien Anh Son a cherché dans les archives de la France, ancienne puissance coloniale, de quoi donner raison à son pays. "Les preuves historiques remontent à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle", déclare l'historien, qui s'appuie notamment sur des ouvrages datant de l’ancienne Cochinchine. "Nous avons actuellement en possession plus de 100 documents historiques authentiques dans sept  langues, notamment en francais, en portugais, hollandais et allemand."

Face à l’avancée chinoise, une "île sentinelle"

À une heure et demie de bateau des côtes vietnamiennes, Ly Son, une île peu connue compte 22 000 habitants dont 5 000 pêcheurs. C’est le poste avancé du Vietnam pour les Paracels, une sorte "d’île sentinelle", surmontée par des radars.

L'arrivée des bateaux de pêche vietnamien en Mer de Chine du sud sur l'île vietnamienne de Ly Son. (RADIO FRANCE / DOMINIQUE ANDRE)

Depuis deux ans, le gouvernement vietnamien a décidé de développer Ly Son. Un câble sous-marin y amène l’électricité. Un hôtel a même été construit, où travaille Laty Mao, jeune diplômée en économie de l’université de Hanoi. Elle dit sa fierté de protéger cette île. "Nous venons du continent pour contribuer au développement du tourisme. Si l’économie est bonne, cela attirera des gens de talent ici et du monde".

La guerre des nerfs en mer de Chine du Sud : à bord d’un bateau de pêche vietnamien - un reportage de Dominique André

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