Cet article date de plus de huit ans.

Villages en danger dans la Chine du charbon

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Suite au nouveau plan économique et énergétique de la Chine, des centaines de mines de charbon ferment ou sont abandonnées. Mais faute d’entretien, de nombreux villages en payent les conséquences car les terrains sont devenus instables, les sols s’effondrent et les maisons se fissurent. Des milliers d’habitants sont obligés de déménager, et ceux qui restent vivent dans la peur.

14 photos de Jason Lee prises dans des villages et des villes de la province de Shanxi en août 2016 illustrent ce propos.

et le premier consommateur mondial de charbon au monde. Mais depuis 2011, le ralentissement de la croissance, la lutte contre la pollution, le développement des énergies vertes et la campagne anticorruption lancée par le président Xi Jinping ont profondément bouleversé ce secteur de l’économie chinoise. Pékin veut réduire par deux le nombre d'entreprises et supprimer plus d’un million d'emplois d'ici à 2020. (REUTERS/Jason Lee)
Pour 2016, Pékin table sur une consommation de 3,96 milliards de tonnes de charbon, alors que la Chine peut en produire jusqu’à 5,7 milliards, selon la China Coal Industry Association cité par «Libération». En 2016 comme en 2015, un millier de mines ont été fermées. Si le pays en compte encore 10.000 actives (25.000 avant 2011), elles sont de plus en plus nombreuses à être abandonnées causant de graves dégâts environnementaux.  (REUTERS/Jason Lee)
affectant près de 10.000 kilomètres carrés de terres. En juillet 2016, le ministère de l’Environnement (créé en 2008) a déclaré qu’il dépenserait 10 milliards d’euros au cours des cinq prochaines années pour restaurer les terres abimées par les mines et traiter les déchets. Comme le précise «Le Monde», ce plan permettra au pays de réduire ses capacités d’extraction de charbon de 60 millions de tonnes par an. (REUTERS/Jason Lee)
la province du Shanxi (l'une des plus polluées au monde) compte 38% des réserves du pays. Cette région a produit 100 milliards de tonnes de charbon brut au total depuis les réformes économiques du pays dans les années 70. Mais aujourd’hui, elle en paye le prix car l’âge d'or de cette industrie est terminé. Le président Xi Jinping ne mise plus sur cette énergie fossile et veut que le Shanxi réduisent de 100 millions de tonnes sa production d'ici 2020.  (REUTERS/Jason Lee)
Les énormes projets d'extraction du charbon ont miné son écosystème. Des milliers de maisons se sont effondrées et les eaux souterraines polluées ont ruiné les terres agricoles. De plus, 5.000 kilomètres carrés de terres (3% des terres de la région) risquent de s’effondrer mettant en danger de très nombreux villages. (REUTERS/Jason Lee)
des centaines de petites mines ont été ouvertes illégalement sous terre ou à ciel ouvert. A l’apogée de l’industrie houillère, les prix et les profits ont grimpé encouragent les mineurs à creuser plus loin et plus profond, empiétant sur des zones résidentielles et les terres agricoles. Les habitants ici se livrent à une course contre la montre pour éviter le naufrage de leur village et sauvegarder leurs maisons.  (REUTERS/Jason Lee)
et ont préféré déménager. Reconstruire des murs qui se fissurent alors que le sol est instable et que de nombreux terrains s’effondrent ne servira à rien. Le gouvernement a chiffré à 10 milliards d’euros les dommages causés par les exploitations minières dans le Shanxi.  (REUTERS/Jason Lee)
655.000 habitants doivent être déplacés. Un déménagement estimé à 2 milliards d’euros. Les géologues affirment que 19 zones au sein de 23 villages sont sinistrées. 55 glissements de terrain, 950 fissures dans le sol et 808 affaissements de mines ont été répertoriés sur une surface d’à peine 13,25 kilomètres carrés explique le journaliste David Stanway (Reuters). (REUTERS/Jason Lee)
que ces dégâts sont dus en grande partie au non-respect de la législation environnementale. Si les grandes entreprises d'Etat déplaçaient des villages entiers pour pouvoir creuser, les petites mines privées à la poursuite de profits rapides ont simplement creusé sous et autour des villages. Mais grâce à la manne financière apportée par les revenus de l'impôt sur l'exploitation minière, les gouvernements locaux ont souvent été réticents à pratiquer des contrôles plus stricts sur cette industrie. (REUTERS/Jason Lee)
a longtemps été une aubaine pour les gouvernements. Mais aujourd’hui, elle est devenue un fardeau. La ville a déjà déboursé 795 millions d’euros pour traiter l'affaissement de son sol. En collaboration avec la ville voisine de Luliang, elle envisage de déménager 230.000 personnes entre 2014 et 2017.  (REUTERS/Jason Lee)
car suspendus sur de la terre creuse. Mais actuellement, il n’est pas considéré comme une priorité par l’Etat alors qu’il devient de plus en plus dangereux d’y vivre. D’autres problèmes surgissent. Les puits asséchés ne permettent plus de pouvoir irriguer les terres. Les graines plantées ne peuvent plus éclore et les cultures se raréfient.  (REUTERS/Jason Lee)
pour déterminer combien doivent payer les entreprises minières. Mais nombre de sites parmi les plus touchés sont abandonné depuis très longtemps. Ce qui rend d’autant plus difficile de définir juridiquement les responsabilités. Pékin doit mettre en place des fonds dédiés pour les coûts des installations d'assainissement, le traitement et l'élimination des déchets miniers.  (REUTERS/Jason Lee)
que les fonctionnaires locaux n’ont pas fait appliquer les règlements. Ils veulent que les opérateurs miniers assurent la sécurité. Ces groupes ont peu investi d’argent pour restaurer les villages et la terre comme cela était prévu, alors même qu’ils sont tenus de payer le nettoyage des mines alentour.  (REUTERS/Jason Lee)
troisième plus grand groupe minier après Shenhua Group et China National Coal Corporation Group, est le seul à avoir honoré son contrat. Il a versé 1,8 millions d’euros entre janvier et mars 2016. La Chine encourage les développeurs à transformer les sites miniers abandonnés en parcs solaires. Un projet de ce type a été achevé récemment sur un terrain endommagé par l'exploitation minière et impropre à l'agriculture dans la banlieue de Datong. (REUTERS/Jason Lee)

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