Visite de Xi Jinping en France : un spécialiste de la Chine "pas sûr" que l'étape sur les terres d'adoption d'Emmanuel Macron aura "des impacts sur ce qu'on cherche à obtenir"
Après l'Élysée, place au Tourmalet. Emmanuel Macron emmène Xi Jinping sur ses terres d'adoption, dans les Hautes-Pyrénées, mardi 7 mai. "Pas sûr", toutefois, que le cadre moins formel choisi pour le second jour de la visite d'État du président chinois ait "des impacts sur ce qu'on cherche à obtenir" de lui, prévient sur franceinfo Marc Julienne, directeur du Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
C'est pourtant bien l'ambition du président de la République. "Nos montagnes françaises", "j'espère, continueront de nous inspirer", a-t-il lancé lundi, en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Le chef de l'État a dit s'attendre à des "discussions fructueuses et amicales" dans ce coin en altitude. Il y a passé de nombreuses vacances avec ses grands-parents, auxquels il était très attaché.
"Quelqu'un d'austère"
Marc Julienne a beau être sceptique, il "pense" toutefois qu'il y a "une opportunité". Autant en profiter, car il n'est "pas sûr que ces opportunités vont se renouveler tant que ça à l'avenir". "Est-ce qu'Emmanuel Macron arrivera à persuader Xi Jinping de nous aider sur des sujets comme l'Ukraine, sur les tensions commerciales ? Je n'en suis pas sûr", répète-t-il toutefois.
Le chercheur, qui "travaille tous les jours sur la politique chinoise et sur le Parti communiste [chinois]", décrit Xi Jinping comme "quelqu'un d'austère", qui "sait où sont ses intérêts" et "où sont ses objectifs". De ce fait, il lui paraît "un peu illusoire" d'"essayer de convaincre Xi Jinping de convaincre Vladimir Poutine" de mettre fin à la guerre en Ukraine. Le chef d'État chinois reste le principal allié de son homologue russe, qu'il doit recevoir prochainement.
"La Chine soutient politiquement Vladimir Poutine. La question qui se pose, c'est est-ce qu'elle le soutient ou est-ce qu'elle le soutiendra sur le plan militaire ? Aujourd'hui, ce n'est pas le cas" et "je ne pense pas que ce sera le cas parce que je crois que la Chine n'a pas intérêt à cela". Emmanuel Macron a salué lundi "les engagements" chinois "à s'abstenir de vendre toute arme" et "toute aide à Moscou".
"La Chine soutient la Russie de manière générale et en particulier l'économie russe", pointe Marc Julienne. "Par exemple, elle est aujourd'hui un des plus gros clients du pétrole russe", explique-t-il. Quant au ciment de la relation entre Pékin et Moscou, c'est leur "ennemi commun, les États-Unis" et "plus généralement le système international basé sur des valeurs plutôt démocratiques".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.