Chypre : la tension monte d'un cran en l'absence de plan alternatif
Le Parlement chypriote a encore reporté jeudi soir le vote sur la loi censée proposer une alternative à la taxe sur les dépôts bancaires. L'agence Standard and Poor's met en garde contre une faillite du pays.
L'étau se resserre autour des autorités de Chypre. Le Parlement chypriote a à nouveau reporté jeudi 21 mars le vote sur un texte censé permettre la mise en oeuvre du plan de sauvetage international du pays.
Les députés ont exclu dans la journée de taxer directement les dépôts bancaires des épargnants. Ce prélèvement était la solution initialement proposée, dans le cadre du plan conçu par la zone euro et le FMI, pour fournir 5,8 des 16 milliards d'euros nécessaires au sauvetage de Chypre. Mais cette taxe inédite a soulevé l'indignation des Chypriotes et de nombreuses critiques dans toute l'Europe.
Un plan alternatif attendu de pied ferme par la zone euro
Pour la remplacer, le gouvernement a proposé la création d'un "fonds d'investissement de solidarité" basé sur les revenus des hydrocarbures, des obligations et d'autres avoirs pour lever la contribution exigée par la zone euro et le FMI. Mais les députés ont dit avoir besoin de temps pour examiner cette législation, alors que les banques étaient fermées jeudi pour le sixième jour consécutif, paralysant une économie déjà aux abois.
De son côté, la zone euro s'est dite d'accord jeudi soir pour négocier autour de cet éventuel plan B, Chypre devant le soummettre avant lundi au reste de la zone euro. "L'Eurogroupe se tient prêt à discuter avec les autorités chypriotes d'une nouvelle proposition qu'elles doivent lui soumettre le plus rapidement possible", a indiqué son président, Jeroen Dijsselbloem, à l'issue d'une conférence téléphonique des ministres des Finances de la zone euro.
Il a cependant insisté pour que "les paramètres définis au préalable soient respectés", c'est à dire que le plan soumis par Chypre doit permettre de dégager la même somme que la taxe bancaire abandonnée, 5,8 milliards d'euros. Les autorités européennes et le FMI privilégient toujours une taxe sur les dépôts bancaires, mais qui s'appliquerait uniquement aux dépôts au-dessus de 100 000 euros, tous les dépôts étant initialement concernés.
Une mise en garde de l'agence Standard and Poor's
Dans le même temps, l'agence Standard and Poor's (SP) a annoncé jeudi avoir abaissé d'un cran la note de la dette de Chypre, et mis en garde contre une faillite du pays.
"Tout plan d'aide risque d'être impopulaire et difficile à appliquer dans un contexte de long et profond repli de l'économie (...). En conséquence, nous pensons que les risques d'un défaut sur la dette sont en train d'augmenter", écrit l'agence de notation. "En l'absence d'un plan alternatif crédible de recapitalisation et de financement du budget, le risque d'un événement de crédit chaotique augmente", poursuit l'agence, soulignant très sérieusement que la perspective du pays reste "négative".
Les clients des deux plus grandes banques très inquiets
Le sort de la Popular Bank (Laiki en grec), deuxième banque du pays, en grande difficulté, inquiète particulièrement ses clients, qui faisaient la queue jeudi devant ses distributeurs pour tenter de retirer de l'argent.
Le chef du parti au gouvernement à Chypre (Disy, droite), Averof Neophytou, a tenté de les rassurer, expliquant qu'une restructuration de la banque - qui emploie 8 000 personnes - la sauverait dans tous les cas de la faillite. Selon lui, une séparation en "bonne" et "mauvaise" banque fournirait une protection intégrale aux 361,000 des 379,000 comptes qui ne dépassent pas 100 000 euros, le reste n'ayant pas de protection garantie. La première banque du pays, la Bank of Cyprus, est également menacée.
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