Haut-Karabakh : "L'ONU arrive trop tard", déplore le représentant du Haut-Karabakh en France
"L'ONU arrive trop tard", déplore le représentant du Haut-Karabakh en France lundi 2 octobre sur franceinfo Hovhannès Guévorkian, représentant du Haut-Karabakh en France, alors qu'une mission de l'ONU est arrivée dans la matinée dimanche 1er octobre, pour évaluer les besoins humanitaires sur place. "Je ne sais pas quel est l'objectif de l'ONU, d'aller dans un endroit où toute la population est partie. C'est pour protéger, mais pour protéger qui ?", s'interroge-t-il.
franceinfo : L'ambassadrice d'Azerbaïdjan affirme que les Arméniens "avaient le choix" et qu'ils "ont décidé volontairement de ne pas continuer à habiter dans la région". Qu'en pensez-vous ?
Hovhannès Guévorkian : Il y a trois ans, ce même gouvernement avait promis que toutes les divergences avec les Arméniens du Haut-Karabakh seraient réglées via les négociations. Ce gouvernement n'a pas respecté sa parole et a lancé une offensive. Il a signé un cessez-le-feu en 2020 et il l'a lui-même mis à la poubelle récemment en lançant une deuxième offensive au mois de septembre. Ce même gouvernement a imposé à mon peuple un blocus total pendant neuf mois, où nous n'avions ni nourriture, ni médicament, ni énergie. Comment expliquer que pratiquement toute la population, 120 000 personnes, quitte ce territoire ? Vous pensez que du jour au lendemain la population quitte sans raison leur région ? Ils sont contraints, ils fuient une mort certaine.
Qu'attendez-vous ?
Le problème, c'est que la communauté internationale qui peut vraiment réagir pour dire ce qui se passe, essaie de tourner la page et laisse l'Azerbaïdjan face aux Arméniens du Haut-Karabakh, version contre version. J'aimerais qu'il y ait une enquête et une qualification de ce qu'il s'est passé. Est-ce un nettoyage ethnique ?
"Est-ce un crime ? Si c'est un crime, si c'est un nettoyage ethnique, il y a tout un panel d'outils pour responsabiliser ceux qui commettent ce crime"
Hovhannès Guévorkian, représentant du Haut-Karabakh en Franceà franceinfo
On ne peut pas tout de suite tourner la page et parler uniquement de l'intégrité territoriale de l'Arménie. Il y a un crime qui est en train d'être commis. Est-ce qu'il y aura des sanctions contre l'Azerbaïdjan, parce qu'aujourd'hui, tout le monde regarde de manière impuissante que ça se fasse et ça passe.
Souhaitez-vous que les Européens se passent du gaz azerbaïdjanais pour les sanctionner ?
Il y a une centaine de moyens, y compris le gaz, pour pouvoir sanctionner l'Azerbaïdjan. Il ne faut pas que l'Europe se passe du gaz azerbaïdjanais. L'Azerbaïdjan n'a pas beaucoup de débouchés pour vendre son gaz et son pétrole. Si l'Europe met des conditions, l'Azerbaïdjan n'a pas d'autres choix que de vendre son gaz ou son pétrole à l'Europe. Il faut faire pression, si on est d'accord sur le fait qu'il y a un nettoyage ethnique. Mais pour ça, il faut qualifier ce qu'il se passe.
Une mission de l'ONU est arrivée sur place ce week-end pour évaluer les besoins humanitaires. De quelles remontées disposez-vous ?
Toute la population est partie. L'ONU arrive trop tard, avec 30 années de retard, parce que l'Azerbaïdjan ne laissait pas l'ONU entrer sur ce territoire. Je ne sais pas quel est l'objectif de l'ONU, d'aller dans un endroit où toute la population est partie. C'est pour protéger, mais pour protéger qui ?
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