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Haut-Karabakh : la France est-elle dépendante du gaz fourni par l'Azerbaïdjan ?

Après l'offensive de Bakou dans le Haut-Karabakh, la France apporte son soutien à l'Arménie, mais elle est embarrassée car l'Azerbaïdjan est l'un des fournisseurs de gaz de l'Union européenne.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Transadriatique pipeline, en Grèce, inauguré le 8 juillet 2022, permet d'acheminer le gaz azerbaïdjanais en Europe. (NICOLAS ECONOMOU / NURPHOTO)

La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna est en visite en Arménie mardi 3 octobre, après l'offensive de l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, cette région azerbaïdjanaise peuplée d'Arméniens. La France tente d'apporter son soutien à l'Arménie dans ce conflit, mais elle est gênée car, comme toute l'Union européenne, elle entretient des relations commerciales avec l'Azerbaïdjan, qui est l'un de ses fournisseurs de gaz.

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L'Azerbaïdjan a d'importantes réserves d'hydrocarbures. Le gaz vient du gisement de Shah Deniz, au sud-est de Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan. Ce gisement contient 100 milliards de mètres cubes de gaz. Il est géré par un consortium d'entreprises dont le britannique BP, Socar, la compagnie nationale azerbaïdjanaise, et Lukoil, la principale compagnie pétrolière russe.

3 500 kilomètres de gazoduc pour acheminer le gaz en Europe

Le gazoduc est en fait constitué de trois gazoducs l'un à la suite de l'autre. Le premier, construit dans les années 1960, relie l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie. Le deuxième construit dans les années 1990 traverse la Turquie. Enfin, le TAP pour Transadriatique pipeline, le plus récent, construit entre 2018 et 2022, se raccroche au TAP à la frontière grecque et va jusqu'en Italie en passant sous la mer. Pour bâtir tout ce tracé, il a fallu dépenser 40 milliards d'euros qui ont été investis par différents pays : l’Azerbaïdjan, bien sûr, mais aussi la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la Suisse, ainsi que des compagnies privées comme BP.

Le gaz de Bakou représenterait 2% de la consommation européenne

L'Union européenne est moins dépendante du gaz azerbaïdjanais que du gaz russe, d'après l'économiste spécialiste du gaz naturel Anna Créti. Aujourd'hui, selon elle, le gaz de Bakou représente 2% de la consommation énergétique européenne. L'Azerbaïdjan est donc un fournisseur indispensable mais de deuxième ligne, comme l'Algérie par exemple. Jusqu'ici, l'UE avait préféré s'approvisionner auprès de la Russie car elle considérait l'Azerbaïdjan comme un pays instable, notamment en raison de ses tensions avec l'Arménie. Et du fait que Bakou est un plus petit producteur de gaz que Moscou.

Pendant la guerre en Ukraine, l'UE a signé un accord avec l'Azerbaïdjan

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est rendue à Bakou l'année dernière pour signer un accord pour doubler les livraisons de gaz azerbaïdjanaises d'ici 2027. Pour autant, toujours selon Anna Créti, l'UE pourrait tout à fait se passer du gaz de Bakou. Mais pour rompre les relations commerciales avec le pays, il faudrait une décision au niveau des Etats européens, et pas seulement des entreprises gazières.

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