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Corée du Nord : la mise en scène très bien huilée du démantèlement d'un site d'essais nucléaires

La Corée du Nord a invité des journalistes étrangers à assister au démantèlement de son principal site d'essais nucléaires. Gigantesque mise en scène ou véritable étape vers la dénucléarisation du régime ?

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Ojardias
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Destruction d'une tour d'un réacteur nucléaire sur le complexe atomique de Yongbyon en Corée du Nord, le 27 juin 2008, en présence de médias étrangers. (MAXPPP)

C'est une expédition peu ordinaire, le périple d’une trentaine de journalistes étrangers, invités par le régime de Kim Jong Un pour assister au démantèlement de son principal site d’essais nucléaire, baptisé Punggye-ri. Là où la Corée du Nord avait procédé à ses six explosions nucléaires entre 2006 et l’année dernière.

Les journalistes sont montés mercredi dans un train qui leur a fait remonter 400 kilomètres le long de la côte est de la Corée du Nord, depuis l’aéroport de Wonsan. Les conditions ferroviaires en Corée du Nord ne sont pas très bonnes, le train mettra douze heures pour atteindre sa destination.

Dix-huit heures de route avant de diffuser des images

Les journalistes embarqueront ensuite à bord d’un car pour quatre heures de route, suivies d’une marche en montagne jusqu’à un observatoire, d’où ils assisteront jeudi aux explosions censées provoquer l'effondrement des tunnels d’essais du site. Il leur faudra ensuite faire demi-tour, pour de nouveau dix-huit heures de route, avant de  pouvoir enfin diffuser les images qu’ils auront prises.

Des journalistes sud-coréens ont été invités à la dernière minute. Les autres médias présents sont américains, russes, chinois et britanniques.

Pas d'expert nucléaire comme promis

La Corée du Nord avait promis de convier des spécialistes, capables de prendre des mesures et de collecter des échantillons pour permettre de savoir quelles expériences ont été menées sur le site. Mais cette promesse n’a pas été tenue.

Les journalistes britanniques et sud-coréens se sont même vu confisquer dès leur arrivée au Nord leurs téléphones satellites et leurs appareils de mesure de la radioactivité. Leurs guides nord-coréens ne les quittent pas d’une semelle. Le régime veut visiblement que la presse internationale diffuse fidèlement les images qu’il s’apprête à mettre en scène, mais qu’elle n’en fasse surtout pas plus.

Une étape importante vers la levée des sanctions

Ce démantèlement est-il pour autant uniquement de la poudre aux yeux ? Le symbole reste fort, même si en théorie, après six explosions nucléaires, la Corée du Nord n’a plus vraiment besoin de mener des essais supplémentaires. Mais d’autres expériences auraient pu lui être utiles. Fermer le site reste donc une décision significative. 

On peut par ailleurs remarquer que les journalistes étrangers ont atterri à Wonsan, une ville où le régime nourrit de grandes ambitions touristiques : un aéroport international flambant neuf et un gigantesque complexe hôtelier en construction. Des projets dont le succès dépendra de la levée des sanctions et donc des pourparlers avec les Etats-Unis. Pyongyang a tout intérêt à trouver un accord avec Washington. Ce démantèlement est une étape importante dans le cadre de ce processus.

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