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JO d'hiver 2018 : "Les Nord-Coréens ont une vision des Jeux bien plus économique que sportive !"

Si les Nord-Coréens n'ont toujours pas vu d'images d'épreuve des Jeux olympiques d'hiver 2018, à PyeongChang en Corée du Sud, ils en parlent beaucoup entre eux a expliqué Kang Mi-jin, une réfugiée nord-coréenne qui travaille pour l’ONG Unification Media Group, basée à Séoul et toujours en contact avec le Nord.

Article rédigé par Frédéric Ojardias
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les pom-pom girls nord-coréennes brandissent des drapeaux de la Corée du Nord lors des Jeux olympiques d'hiver de 2018 à Pyeongchang (Corée du Sud), le 14 février 2018. (ROBERTO SCHMIDT / AFP)

Alors que les Jeux olympiques d'hiver 2018, à PyeongChang en Corée du Sud, sont à mi-parcours, samedi 17 février, au nord de la frontière, la télévision officielle n’a encore diffusé aucune épreuve. Pourtant, "comme les Jeux sont organisés en Corée du Sud, les Nord-Coréens s’y intéressent beaucoup", explique Kang Mi-jin, une réfugiée nord-coréenne qui travaille pour l’ONG Unification Media Group, basée à Séoul.

Peu d'image leurs parviennent

Kang Mi-jin téléphone régulièrement à des sources en Corée du Nord. Elle assure que dans le pays, sur les marchés ou en famille, les Jeux olympiques font beaucoup parler : "Ils se demandent lesquels de leurs athlètes participeront, dans quels sports, si ces athlètes ont des chances de gagner et s’ils seront punis si ils perdent !"

Ces interrogations sont compréhensibles alors que les médias officiels nord-coréens se sont contentés de mentionner la visite, la semaine dernière, à PyeongChang d’une délégation, comprenant la propre sœur du dirigeant Kim Jong-un, ainsi que la création d’une équipe coréenne unifiée en hockey sur glace. La presse officielle a bien mentionné le premier match à PyeongChang de l’équipe coréenne unifiée de hockey sur glace, mais elle a soigneusement évité de mentionner le score et la défaite 8 à 0.

Les Nord-Coréens ordinaires sont surtout impressionnés par le fait que le Sud organise les Jeux Olympiques pour la deuxième fois

Kang Mi-jin

à franceinfo

Pour Kang Mi-jin, le véritable intérêt des Nord-Coréens n’est de toute façon pas sportif, il est économique. Dans le pays dirigé par Kim Jong-un, "tous croient qu'un pays organisateur peut gagner beaucoup d'argent, que les pays riches qui organisent les Jeux deviennent ainsi encore plus riches alors qu’eux-mêmes restent pauvres, rapporte la réfugiée nord-coréenne. Les Nord-Coréens ont une vision des Jeux bien plus économique que sportive !"

En Corée du Sud, certains ont critiqué la venue d’une importante délégation nord-coréenne aux JO. Mais la transfuge voit les choses différemment : "Personnellement, je souhaite que les athlètes et pom-pom girls nord-coréens viennent nombreux ici, parce qu'on ne peut pas oublier facilement ce qu'on a vu de ses propres yeux."

Ces échanges d'athlètes sont ainsi vus comme un moyen de saper la propagande d’un régime qui cherche à couper sa population de toute information venant de Corée du Sud. "Ils vont pouvoir sentir de tout leur corps à quel point la Corée du Sud est développée. Et ils pourront partager leur expérience avec leur entourage, à leur retour. C'est bien plus efficace que de voir des feuilletons sud-coréens", explique Kang Mi-jin.

Reportage de Frédéric Ojardias

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