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Pourquoi la Corée du Nord montre les dents

Alors que Pyongyang multiplie les provocations depuis plusieurs semaines, francetv info détaille les raisons de l'agitation du régime de Kim Jong-un.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des militaires nord-coréens lors d'un entraînement. Cette photo non datée a été distribuée par l'agence officielle nord-coréenne KCNA, le 11 mars 2013. (KCNA / REUTERS)

La Corée du Nord multiplie depuis plusieurs semaines les provocations, promettant notamment de déverser un déluge de feu sur Washington. Mais alors que le flou persiste, lundi 8 avril, sur un éventuel nouvel essai nucléaire de Pyongyang, les experts ne cessent de répéter que ses menaces ne sont pas à prendre au sérieux.

Même sérénité à Washington, Séoul et Tokyo. "Nous tenons à rappeler que la Corée du Nord a de tout temps eu recours à des menaces et à des déclarations belliqueuses et que ses affirmations récentes s'inscrivent dans ce schéma", a déclaré, le 29 mars à CNN, un porte-parole de la défense américaine, rapporte le site du magazine américain The Atlantic, traduit par Courrier International. Mais pourquoi ces gesticulations ? Francetv info vous détaille quatre raisons.

1Négocier son aide alimentaire

La Corée du Nord est fortement dépendante de l’aide extérieure, notamment de celle des Etats-Unis, de la Chine et de la Corée du Sud, comme le rappelle le site du Quai d'Orsay. Par exemple, pendant l'été 2012, alors que le manque de pluie menaçait les récoltes, la FAO, l'agence de l'ONU spécialisée dans l'alimentation, a estimé à trois millions le nombre d'habitants nord-coréens nécessitant une aide urgente.

Le pays a connu dans les années 1990 une famine lors de laquelle des centaines de milliers de personnes auraient péri. Depuis, il souffre de pénuries alimentaires chroniques. En cause : "des conditions de culture défavorables, le manque d'engrais et une mauvaise gestion générale", énumérait Slate en 2012. Un contexte difficile qui n'est pas aidé par un matériel agricole vétuste.

Un Nord-Coréen sur une charrue à bœuf à Sinuiju (Corée du Nord), près de la ville frontalière chinoise de Dandong, le 24 octobre 2012. (ALY SONG / REUTERS)

Ainsi, les menaces de Pyongyang servent généralement à négocier son aide alimentaire. La Corée du Nord arrive à la table de discussions en position de force et promet de mettre fin à son programme nucléaire contre de la nourriture. TF1 rapportait qu'en février 2012, un haut responsable militaire américain a reconnu que Washington liait l'aide alimentaire à des concessions de Pyongyang sur son armement atomique. "Une position que dément habituellement le département d'Etat qui assure que cette aide dépend uniquement des besoins humanitaires de la population", commentait alors le site de la chaîne.

2Réagir aux manœuvres américano-sud-coréennes

Washington a déployé, début avril, des chasseurs furtifs F-22. Si cela a permis aux Etats-Unis de renforcer leur présence dans la région, cette opération entre surtout dans le cadre des exercices militaires annuels menés conjointement par Washington et Séoul. Ces manœuvres ont été baptisées Key Resolve et Foal Eagle. Cette année, la première s'est tenue du 10 au 24 mars. Quant à la seconde, Foal Eagle, elle a débuté le 1er mars et doit durer jusqu'au 20 avril, précise l'agence sud-coréenne Yonhap.

"Ces exercices annuels ont un coût financier pour la Corée du Nord, qui se sent obligée de mettre son armée en état d'alerte et de mobiliser des soldats", commente RFI. Pourtant, Pyongyang a été informé du planning de ces exercices annuels, relève l'agence Yonhap.

Des navires militaires américains et sud-coréen lors de l'exercice militaire annuel conjoint Foal Eagle, au large de la Corée du Sud, le 17 mars 2013. (US NAVY / AFP)

3Exister sur le plan international

La Corée du Nord est l'un des pays les plus fermés du monde, l'une des dernières dictatures de la planète. Et elle ne vivrait que dans l'obsession de ne pas "sombrer dans un trou noir", a estimé François Godement, directeur d'Asia Centre, auprès du Journal du Dimanche.

Kim Jong-un, le leader nord-coréen, souhaite réaffirmer la souveraineté et la puissance de son pays. Il nourrit l'espoir de discuter avec le président américain sur un pied d'égalité. Il "veut une reconnaissance diplomatique américaine de son régime, et un traitement d'égal à égal. Pas forcément une guerre", analyse le spécialiste géopolitique de BFMTV. Pyongyang cherche "à occuper le terrain diplomatique, à montrer son autonomie, à dire qu'il n'obéit à personne, pas même à la Chine", explique Pierre Rigoulot, spécialiste de la Corée du Nord, au Journal du Dimanche.

Sans compter que Kim Jong-un, qui aurait entre 28 et 30 ans, a encore besoin d'asseoir sa légitimité. Il est arrivé au pouvoir de façon précipitée après la mort de son père, Kim Jong-il, en décembre 2011. Ce dernier avait passé vingt ans derrière son père, Kim Il-sung, dans les coulisses du pouvoir avant de devenir numéro 1. Kim Jong-un, lui, n'a eu que quelques mois de préparation, raconte Slate.

Photo non datée, et distribuée en septembre 2011 par l'agence nord-coréenne KCNA, montrant l'actuel leader nord-coréen Kim Jong-un (à droite) avec son père, Kim Jong-il. (KCNA / REUTERS)

4Cacher des tensions au sommet de l'Etat ?

Selon RFI, "il est possible que le régime ait besoin d'accroître les tensions à l'extérieur pour mieux contrôler ce qui se passe à l'intérieur". La radio rapporte qu'un quotidien sud-coréen a affirmé, début avril, que Kim Jong-un avait échappé à un coup d'Etat intenté par des militaires, en novembre. Un autre journal sud-coréen explique que Kim Jong-un aurait alors renforcé sa garde rapprochée, et les mesures de sécurité lors de ses déplacements.

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