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"J'ai la foi, les choses vont s’améliorer" : les attentes des Cubains à l'heure de la désignation du nouveau président

Le nom du successeur de Raul Castro à la tête du pays sera connu jeudi. Quel qu'il soit, de nombreux Cubains espèrent que les réformes vont s'intensifier.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Havane à Cuba, le 17 avril 2018, à la veille de l'annonce du successeur de Raul Castro. (MAXPPP)

Cuba est à l’aube d’un changement historique. Les parlementaires se réunissent à partir de mercredi 18 avril pour désigner le futur président du pays. Pour la première fois depuis 1959, ce n’est pas un Castro qui va présider aux destinées de l’île. On connaîtra le nom du successeur de Raul Castro et de Fidel Castro dès jeudi. Il pourrait s’agir de Miguel Diaz-Canel, un "jeune" civil de 57 ans, apparatchik du Parti communiste cubain.

Quel que soit le nom de leur nouveau dirigeant, les Cubains, eux, veulent avancer. Les réformes menées par Raul Castro depuis dix ans ont un goût d'inachevé. L’économie reste paralysée par l’existence d’une double monnaie, un système unique au monde. 

D’un côté, il y a le secteur privé qui découvre le mot "profit" et de l'autre, les fonctionnaires qui plafonnent à une trentaine d'euros par mois, comme Lourdes, une enseignante, contrainte de multiplier les emplois. 

Lourdes, enseignante à Cuba. (ALEXANDRE ABERGEL / RADIO FRANCE)

"Je gagne environ 35 euros par mois, confie cette professeure de psychologie à l’université de la Havane. C’est pour ça que j’ai deux métiers : du lundi au vendredi, je suis à l’université et le week-end, je garde des enfants et je fais des ménages."

Ici être professeur, ça ne veut rien dire. La dernière fois que j’ai été augmentée, j’ai eu 5%. C’était en l’an 2000. 

Lourdes, enseignante

à franceinfo

"Comme je suis payée en monnaie nationale, pour pouvoir acheter du déodorant, du papier toilette ou du dentifrice je dois faire changer mon argent, en peso convertible, poursuit Lourdes. Tu imagines, ce système de double monnaie ? Mais j’ai la foi. Les choses vont s’améliorer."

L'optimisme des jeunes

Malgré les difficultés, une partie de la jeunesse choisit l’optimisme, sans aucune nostalgie de l’ère Castro. C'est le cas de Deborah, une entrepreneure de 26 ans, qui vend ses cadres et ses porte-manteaux faits maison. Son entreprise lui permet même de payer un salarié.

Deborah, créatrice d'une entreprise à Cuba. (ALEXANDRE ABERGEL / RADIO FRANCE)

"La réalité, c’est qu’ici il y a des gens comme moi qui vivent de leur travail et qui en vivent bien, assure la jeune femme qui a créé la marque Estaciones. J’espère que ces changements vont se poursuivre et qu’on continuera à faire prospérer l’économie du pays. Bien sûr, on attend de voir ce que fera le nouveau président... Mais, je ne pense pas que ça change, je pense qu’il va continuer."

Avec le temps et les réformes, on est de plus en plus nombreux à vouloir monter notre affaire, construire notre vie à Cuba plutôt que de s'exiler.

Deborah, entrepreneuse

à franceinfo

Le prochain président est aussi attendu sur l’accès à internet, encore embryonnaire sur l'île, mais aussi sur la liberté d’expression. La marge de manœuvre est étroite : la vieille garde révolutionnaire reste en embuscade.

Manuel Cuesta Morua, porte-parole du parti d’opposition Arco progresista à Cuba. (ALEXANDRE ABERGEL / RADIO FRANCE)

"D’une certaine manière, c’est un changement cosmétique : le pouvoir va tout faire pour maintenir les structures actuelles, pour garder les commandes et ne pas faire les changements profonds dont la société cubaine a besoin", analyse Manuel Cuesta Morua, le porte-parole du parti d’opposition Arco progresista.

Les autorités n'ont d’ailleurs prévu aucune cérémonie publique d’envergure pour fêter le nouveau chef de l’État.

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