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Jean-Yves Le Drian à Cuba : "Les attentes sont assez importantes"

La France a rétabli pleinement ses relations avec l'île depuis deux ans. "Il y a des enjeux économiques et politiques. [...] Le ministre aura sans doute à coeur de donner un coup de fouet à nos échanges bilatéraux", estime un chercheur du CERI.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, quittant l'Elysée, le 18 juin 2018. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est à Cuba samedi et dimanche 28 et 29 juillet. C'est la première fois, depuis le début du quinquennat Macron, qu'un membre du gouvernement se rend sur l'île. "Cela fait maintenant deux ans que la France a rétabli pleinement ses relations avec Cuba, les attentes sont donc assez importantes", explique Olivier Dabène, président de l’Observatoire politique de l’Amérique Latine au CERI (Sciences Po).

Au programme officiel de Jean-Yves Le Drian : une rencontre avec son homologue cubain et une visite du centre historique de La Havane. Le ministre aura aussi à coeur de développer la relation économique avec Cuba, une soixantaine d'entreprises françaises sont actuellement présentes sur l'île.

franceinfo : Quels sont les intérêts de la France dans cette visite ?

Olivier Dabène : Il y a des enjeux économiques et politiques. Cela fait maintenant deux ans que la France a rétabli pleinement ses relations avec Cuba. Les attentes sont donc assez importantes. Les années 2015 et 2016 ont été un peu décevantes, donc le ministre aura sans doute à coeur de donner un coup de fouet à nos échanges bilatéraux avec l'île, parce qu'ils ont plutôt tendance à diminuer, depuis deux ans. Ce n'est pas une très bonne nouvelle.

En revanche, le changement de la Constitution cubaine, pour ouvrir son marché et permettre l'accession à la propriété privée est une bonne nouvelle ?

Oui, ça va donner un peu plus de sécurité juridique pour les investisseurs. Une loi sur les investissements a déjà été votée en 2014, donc il y a eu une première évolution et les Français en ont profité. Il s'agit maintenant d'en profiter davantage. On exporte pas mal de céréales à Cuba, mais il y a aussi le secteur du tourisme, le secteur du bâtiment. Bouygues est plutôt bien placé, il s'est vu attribué la rénovation du port. Dans le sillage de Bouygues, d'autres PME seront présentes. Il y a des enjeux importants : produits laitiers, fromages, accessoires automobiles etc. Il y a une gamme de produits assez importante.

Cuba a une position stratégique dans la région. Il y a donc une dimension politique ?

Absolument. D'ailleurs Jean-Yves Le Drian est passé par la Colombie avant de se rendre à Cuba. Il est allé témoigner du soutien français au processus en cours en Colombie, qui butte sur plusieurs obstacles. Cuba avait joué un rôle essentiel dans les négociations de paix avec la guérilla colombienne. Il s'agit aussi, au plan politique, de convaincre Cuba qu'il faut aider davantage la Colombie, pour avancer dans son processus de paix. La France et Cuba nouent désormais une relation particulière. Il y a eu une visite présidentielle importante, celle de François Hollande au mois de mai 2015. C'était il y a trois ans, mais c'était la première visite officielle d'un président français, depuis la révolution cubaine, donc ce n'était pas anodin. Depuis, il y a eu plusieurs visites croisées, dans les deux sens. Il y a un climat de bonne entente dans cette relation bilatérale. En ce qui concerne Cuba, il y a une nouvelle équipe, de nouveaux ministres, un nouveau Président. Ce sont des gens plus jeunes, qui ont une cinquantaine d'années, qui n'ont pas vécu la révolution et ils sont beaucoup plus pragmatiques. Ils essaient de mettre Cuba dans la voie du progrès pour les années à venir. Pour la France, c'est important aussi, car il n'y a pas eu beaucoup de contact entre la nouvelle présidence Macron et l'Amérique latine jusqu'à présent. C'est une étape qui va être franchie.

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