Des fraudes dans un tiers des bureaux de vote russes, selon l’OSCE
"Il n’y a jamais eu de
doute sur l’issue du scrutin ". L’OSCE classe la présidentielle russe dans la
catégorie des élections insincères. "Les candidats n’étaient pas traités sur un
pied d’égalité ", selon l'Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe, qui a déployé plus de 200 observateurs hier dans toute la Russie.
Les plus graves
disfonctionnements concernent le dépouillement : près d’un tiers des
décomptes semblent suspects, en raison d’irrégularités de procédure. Plusieurs vidéos issues de caméras de contrôle ont été mises en ligne hier. Elles montrent des hommes glisser plus d'une dizaine de bulletins successivement, une façon de bourrer les urnes.
Une élection "clairement biaisée "
L’OSCE ne limite pas ses
critiques à l’étape finale du scrutin, ni même à la journée du vote. Elle remet
en cause l’ensemble du processus électoral : "Le choix était limité, la
compétition manquait d’honnêteté et d’un arbitre impartial ". L’organisation
reconnaît que tous les candidats ont eu accès aux médias avant le vote, mais avec "un net avantage " à Vladimir Poutine. Le futur ex-Premier ministre a d’ailleurs "détourné
des moyens du gouvernement " au profit de sa campagne.
Reste une lueur d’espoir :
"un grand nombre de citoyens ont participé à la surveillance de l’élection ". L’OSCE
demande maintenant à la Russie d’ouvrir une enquête sur chaque soupçon de fraude. Ce
serait une première étape vers davantage de confiance dans la sincérité des
élections.
Bruxelles partage les soupçons, Paris "étudie"
Le Quai d'Orsay indique "étudier" le rapport de l'OSCE. "Globalement, nous partageons leur diagnostic ", indique une porte-parole de la Commission européenne, qui "encourage la Russie à remédier aux lacunes " du processus électoral.
Angela Merkel a été ce midi la première à appeler Vladimir Poutine "pour lui souhaiter du succès ". Ni l'Union européenne ni la France n'ont encore reconnu le résultat de l'élection. Nicolas Sarkozy et Alain Juppé doivent s'exprimer "dans les prochaines heures ", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Un geste en faveur de Khodorkovski
Avant d’être remplacé
par Vladimir Poutine, l’actuel président russe Dmitri Medvedev a demandé le
réexamen de 32 jugements contre des opposants, dont Mikhaïl Khodorkovski. L’ancien
oligarque, qui dirigeait le pétrolier Ioukos, a été condamné à 13 ans de prison
pour fraude fiscale, blanchiment et détournement de pétrole. Il est détenu
depuis 2003.
Il ne s'agit pas d'une révision du procès mais simplement d'une vérification, par le parquet lui-même, de la légalité du jugement. Lioudmila Alexeeva,
présidente du groupe Helsinki de Moscou, impliqué dans la défense des droits de
l’homme, "doute d’une libération " de Khodorkovski. Elle voit plutôt dans
cette initiative "un jeu politique " au lendemain de la
présidentielle.
Voilà deux semaines, les partis d'opposition ont adressé au Kremlin une liste de "prisonniers politiques " dont ils réclament la libération.
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