Barrage de Sivens : confusion autour de la suspension des travaux
Alors que des élus réclament un moratoire sur le projet, la question d'un report "sine die" des travaux est posée.
Après la mort, ce week-end, du militant écologiste Rémi Fraisse, 21 ans, l'incertitude règne sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn). Quatre jours après le drame, mercredi 29 octobre, les élus et le gouvernement s'interrogent sur la pertinence de relancer, ou non, la construction. Et si oui, quand ? Francetv info fait le point sur la question.
Pour l'instant, des travaux suspendus "de fait"
Les travaux avaient débuté le 1er septembre par le déboisement de la zone et déjà, il y avait eu des heurts entre les forces de l'ordre et des opposants au projet, installés sur le site depuis juin 2013. D'énormes engins avaient fait leur apparition, protégés par près de 130 gendarmes. Après la déforestation de la zone humide, "les gendarmes avaient espéré que les opposants seraient démobilisés et partiraient mais ce n'est pas le cas", indiquait, presqu'un mois plus tard, le porte-parole des opposants, Ben Lefetey, cité par France 3 Midi-Pyrénées.
Mais depuis la mort de Rémi Fraisse, les machines sont à l'arrêt. "Trente-six heures après les faits", la brigade d’identification criminelle de la gendarmerie de Toulouse (Haute-Garonne) avait remplacé les ouvriers "sur les lieux pour effectuer son travail, devant une assemblée attentive et calme d’opposants", rapporte Reporterre.
Mais le projet n'est pas abandonné
Et si les travaux ne reprenaient jamais ? C'est ce dont rêvent les écologistes et les Zadistes (les occupants du site). Certains politiques, comme Dephine Batho, Cécile Duflot ou encore José Bové, demandent "un moratoire" sur le projet. Mardi soir, le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé a donné des motifs d'espoir aux opposants au cours d'une interview accordée à Europe 1. Il assure que le président du conseil général du Tarn, Thierry Carcenac (PS), va demander vendredi à son assemblée départementale de voter la suspension des travaux du barrage contesté. "Il m'a confirmé que les travaux étaient suspendus, a minima jusqu'à l'assemblée départementale du Tarn, qui a lieu vendredi. Et il m'a même indiqué qu'il allait demander aux conseillers généraux du Tarn de prendre la décision de suspendre les travaux sine die pour rediscuter avec l'ensemble des parties prenantes au dossier (...)", a-t-il assuré.
Des propos démentis le lendemain par Thierry Carcerac. A la tête du conseil général du Tarn depuis vingt-trois ans, le socialiste a expliqué dans une interview publiée par La Dépêche du Midi qu'il envisageait de "suspendre les travaux mais en aucun cas sine die." Selon lui, il va falloir "remettre les choses à plat" et "c'est toute la politique de l'eau sur le bassin Adour-Garonne qui doit être repensée".
Il sera, au moins, "redimensionné"
Certes, le ministre du Travail, François Rebsamen, a plaidé, à titre "personnel", pour une "suspension" des travaux afin de "ramener le calme". Certes, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, convoquera une réunion sur le sujet mardi prochain, à son ministère. Certes, le dossier a été, en partie, chapeauté et "validé par l'Etat", martèle Thierry Carcerac. Mais pour Manuel Valls, le destin du site est entre les mains du conseil général du Tarn. C'est ce qu'a rappelé le Premier minitre mercredi matin. "Tous les élus de gauche ou de droite sur la région, du Tarn, du Tarn-et-Garonne, de Midi-Pyrénées, les agriculteurs, et, je pense, beaucoup d'habitants, sont favorables à ce type de projets, a déclaré le chef du gouvernement sur RTL. Après, il faut évidemment le redimensionner et tirer les conséquences des préconisations des rapports [d'expertise]. C'est aux élus de prendre ces décisions."
Les conseillers généraux doivent, en effet, débattre vendredi des préconisations des experts mandatés par la ministre de l'Ecologie. Lundi, ils ont publié un rapport très critique sur le projet de barrage. Ils l'ont jugé surdimensionné, pointant son "coût d'investissement élevé" (8,4 millions d'euros), et l'absence d'une "réelle analyse des solutions alternatives possibles". Le rapport a également évoqué "un risque financier important" si le dossier était maintenu en l'état. S'il reprend, le chantier du barrage de Sivens ne sera, quoi qu'il arrive, pas tout à fait le même.
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