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Biodiversité : ce que contient le plan du gouvernement pour contrer la disparition accélérée du monde du vivant

Le gouvernement souhaite mettre en place une centaine de mesures, à l'esprit plus incitatif que contraignant, pour tenter de stopper le déclin accéléré de la biodiversité.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Edouard Philippe et Nicolas Hulot, le 4 juillet 2018, a musée national d'Histoire naturelle, à Paris. (GERARD JULIEN / AFP)

Abeilles décimées, campagnes vidées de leurs oiseaux, insectes volatilisés... Le constat d'un déclin accéléré du monde du vivant est alarmant. Pour "faire une différence" et éviter l'"effondrement" de l'humanité, le gouvernement a promis, mercredi 4 juillet, de s'attaquer "à bras le corps" à la disparition accélérée de la biodiversité. Au total une centaine de mesures, à l'esprit plus incitatif que contraignant, avec la volonté pour Nicolas Hulot de mobiliser toutes les strates de la société.

Le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux, qui sont toutefois critiqués pour le manque de moyens. Au total, le gouvernement chiffre à 600 millions d'euros sur quatre ans les crédits "supplémentaires" pour financer ce plan. Pour donner le coup d'envoi, le chef du gouvernement a réuni plusieurs ministres au Muséum d'histoire naturelle alors que "le rythme actuel d'extinction des espèces est sans équivalent depuis la fin des dinosaures il y a 65 millions d'années". Franceinfo résume les principaux objectifs de ce plan.

Atteindre zéro plastique en mer d'ici 2025

Pour préserver les ers et les océans, le plan prévoit de "supprimer progressivement" les produits en plastique à usage unique trouvés le plus fréquemment sur les plages. Pour cela, le gouvernement "veut travailler avec les filières de production". L'interdiction des sacs en plastique ou des cotons-tiges est déjà décidée, celle des pailles ou des touillettes votée par le Sénat sera soutenue par le gouvernement.

Concernant les dépôts sauvages, le gouvernement souhaite renforcer le pouvoir d'intervention des collectivités et durcir les amendes. Un groupe de travail est déjà en place.

Viser zéro artificialisation nette des sols

Actuellement, la France perd l'équivalent d'un département comme la Loire-Atlantique tous les dix ans en espaces naturels et agricoles. Pour stopper cette tendance, le gouvernement se fixe l'objectif de zéro artificialisation nette. Ce qui veut dire compenser chaque surface bétonnée ou goudronnée par la même superficie rendue à la nature ailleurs. Mais l'échéance pour cet objectif doit encore être discutée, avec les collectivités locales notamment. "On va prendre un an pour se fixer une date", a précisé Nicolas Hulot.

Comme outils pour avancer, le gouvernement souhaite inscrire dans la loi l'obligation pour les collectivités de lutter contre l'étalement urbain, ou encore donner les moyens aux préfets de suspendre les autorisations commerciales à l'extérieur des centres-villes à redynamiser. Il souhaite aussi soutenir d'ici 2020, 10 projets innovants en matière de restauration de sites dégradés. 

Faire participer les agriculteurs

Le gouvernement va débloquer 150 millions d'euros d'ici 2021 pour "rémunérer" les agriculteurs agissant pour restaurer les milieux (haies, prairies, mares, zones humides...). Il espère qu'ensuite la future PAC prendra le relais. Ce sera "une revendication forte" de la France à Bruxelles.

Par ailleurs, pour "enrayer la disparition silencieuse de la biodiversité", le plan réaffirme l'interdiction du glyphosate dans ses principaux usages d'ici 2021 et pour tous usages d'ici 5 ans. Comme prévu depuis la loi de 2016, le recours aux pesticides néonicotinoïdes sera prohibé au 1er septembre (avec dérogations possibles).

Instituer de nouvelles aires protégées

La défense de la faune et de la flore passera également par la création ou l'extension de 20 réserves nationales d'ici la fin du quinquennat, financées par le gouvernement. Autre mesure, un plan est mis en place, dès cette année, pour protéger les cétacés du risque d'échouage ou de capture accidentelle.

Impliquer les entreprises

Edouard Philippe et Nicolas Hulot souhaitent travailler avec les entreprises pour définir un indicateur permettant de mesurer leur "empreinte biodiversité", afin qu'elles intègrent mieux cet enjeu dans leur activité. D'ici 2022, le gouvernement accompagnera 4 secteurs prioritaires : bâtiment et matériaux, agro-alimentaire, énergie, chimie, pour qu'ils réduisent significativement leur empreinte biodiversité sur toute la chaîne de production et d'approvisionnement.

Sensibiliser en France et à l'étranger

Il s'agit de développer des classes nature dans les collèges, avec également des kits pédagogiques pour les écoles dès la rentrée 2019-20. Le gouvernement veut aussi mettre en place un plan de formation de certaines catégories professionnelles (santé, magistrature, élus locaux...). Il a également imaginé une application permettant de (re)connaître les espèces qui nous entourent, avec un jeu inspiré de Pockemon Go pour partir à leur rencontre.

Comme pour le climat, la France mobilisera sa diplomatie pour "un accord ambitieux" à la conférence biodiversité de 2020 en Chine, qui fixera les engagements mondiaux de la décennie. Après la COP21 sur le climat, les diplomates français ont "une vraie fibre verte" pour convaincre, souligne l'entourage de Nicolas Hulot.

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