Biodiversité : QR code, puces électroniques… Les étonnantes techniques de chercheurs pour documenter le déclin des populations d'abeilles
C'est l'un des nombreux enjeux abordés à la COP16 sur la biodiversité, qui se tient jusqu'au 1er novembre à Cali, en Colombie : le déclin des abeilles, puissantes pollinisatrices. Elles font face à une pression toujours aussi importante des pesticides ou des parasites, comme le frelon asiatique en Europe.
Pour mieux comprendre les raisons de leur déclin, les scientifiques de l'Institut de l'abeille, à Avignon, les observent en les équipant de QR code ou de puces électroniques. Les scientifiques les manipulent donc avec une grande minutie. "On capture des butineuses, et on les met en contention dans des cages à pistons. Et on va pouvoir administrer une pointe de colle et une puce RFID", détaille Julie Fourrier. Ces puces "ne gênent pas l'abeille", puisque "l'objectif est de bien dégager le thorax, ce qui évite de coller les ailes", précise la scientifique.
Ces puces permettent de suivre les allées et venues des abeilles et d'analyser leur comportement. Ainsi, ils sont prévenus "à chaque fois qu'une abeille passe à l'entrée de la ruche dans des lecteurs". "Ça nous permet de suivre l'activité de l'abeille et son retour à la ruche dans le temps", résume Julie Fourrier.
Les abeilles domestiques incapables de survivre en dehors de la ruche
L'un des obstacles à ce retour à la ruche est l'action des pesticides, et en particulier des néonicotinoïdes, interdits en France et dans l'Union européenne.
C'est ce que Mickaël Henry, chercheur à l'INRAE, a prouvé en 2012 grâce à cette technologie des puces radiofréquences. "On a étudié par exemple les phénomènes de désorientation. C'est-à-dire que des abeilles exposées à un nectar contaminé vont avoir davantage de risques de disparaître à l'extérieur de leur colonie". Or les abeilles domestiques sont incapables de survivre en dehors de leur colonie. "Le bilan revient à une mortalité indirecte puisque ces individus ne vont pas revenir", poursuit le chercheur.
Au-delà du sort des abeilles, c'est tout l'écosystème qui est en jeu, rappelle Axel Decourtye, le directeur de l'Institut de l'abeille. En France, en matière de pollinisation, "les insectes les plus efficaces sont les abeilles, mais aussi les mouches, les coléoptères", grâce à leur "morphologie" et leur "comportement", explique-t-il.
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