Arbres secs, herbe roussie, fougères prêtes à brûler... A la merci de la moindre étincelle, la forêt de Fontainebleau a déjà son aspect d'automne
Après plusieurs vagues de canicules, les prairies sont complètement jaunies par la sécheresse, mais les forêts françaises aussi en souffrent.
Malgré les pluies de ses derniers jours, les bois craquent sous les pas des promeneurs, en forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne), au sud-est de Paris. Les fougères sont déjà roussies, des feuilles mortes jonchent le sol. "Tout est accentué par ce phénomène de sécheresse", se désole François Faucon, technicien forestier à l’ONF de Fontainebleau. "On s'aperçoit globalement qu'on a un aspect de la forêt automnal qui arrive quasiment à deux mois plus tôt que prévu."
Il y a eu 20% de pluie en moins cet été, selon les derniers chiffres de Météo France. La chaleur et l’absence de pluie de cet été accélèrent le rythme des saisons. Certains arbres ne résistent pas : ils sèchent sur pied. "On a par endroit plus de dépérissements qu'auparavant, explique le technicien. Le pin sylvestre est très concerné puisque c'est un pin nordique, les bouleaux ont en partie perdu leurs feuilles..."
De la matière inflammable
Pour le lieutenant-colonel Olivier Compta, du SDISS de Seine-et-Marne, ces arbres secs, cette végétation roussie, c’est de la matière encore plus inflammable. Sur 22 000 hectares de forêts de Fontainebleau, dix sont partis en fumée cet été. Rien à voir avec les centaines qui ont brûlés près d’Istres (Bouches-du-Rhône) ce mois-ci, mais le pompier francilien a tout de même été surpris par la nature des feux. "La particularité de Fontainebleau c'est que le sol, c'est de la tourbe, explique le lieutenant-colonel. C'est donc très fumigène et sans forcément beaucoup de flammes... Quand on est en période de sécheresse, la tourbe, qui n'est plus humide, donne un combustible supplémentaire."
Olivier Compta montre autour de lui "la fougère qui normalement est très, très verte. Vous voyez qu'elle est bien marron, bien sèche, elle est prête à brûler et donc elle fait déjà un premier combustible qui permet au feu d'avancer vite."
Les arbres, dont certains ne supportent pas la sécheresse, grillent sur place, et font des petites allumettes ambulantes qui ne demandent qu'à brûler.
Le lieutenant-colonel Olivier Comptaà franceinfo
Même si la végétation reprend ses droits après le feu. François Faucon parcourt les parcelles brûlées cet été, un peu dépité. "C'est un petit peu désolant quand même, déplore-t-il, c'est une très belle lande, sèche, qui hébergeait des espèces protégées et rares sur le massif, comme la fauvette pitchou. On peut se dire qu'en partie, les oiseaux ont réussi à partir, par contre on est beaucoup moins sûr pour les petits animaux." Le 7 août, plus de cinq hectares de forêt ont brûlé entre le Bois Rond et la plaine de Chanfroy.
La forêt francilienne ne ressemblera pas tout de suite aux massifs du sud est de la France mais en attendant les pompiers, eux renforcent leur moyen d’intervention : plus de points d’eau, plus de moyens aériens. Ils s’inspirent de leur collègue du sud et ont même testé l’intervention de Canadair.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.