Climat : "À 1,5 degré de plus, la moitié de l'humanité va mourir", alerte Fred Vargas
Dans son nouveau livre intitulé "L'humanité en péril, virons de bord" (Flammarion), Fred Vargas s'attaque aux crimes contre la planète.
L'auteur Fred Vargas range ses polars pour s'attaquer au péril climatique et à la pollution. Elle publie L'humanité en péril, virons de bord (Flammarion), dans lequel elle a pour ambition d'informer la population du danger qui la guette. Fred Vargas explique qu'à 1,5 degré de plus de réchauffement climatique, la moitié de l'humanité mourra. Elle affirme aussi que lors de la COP 24, les dirigeants politiques ont sciemment décidé de sacrifier un quart de plus de la population mondiale en s'autorisant à aller jusqu'à +2 degrés.
franceinfo : Plus vous creusez, plus vous vous dites qu'on ne sait pas grand-chose ?
Fred Vargas : Les gens connaissent surtout des généralités. Ils savent que la Terre se réchauffe, qu'il y a des espèces qui meurent, qu'il y a moins d'oiseaux, moins d'insectes, moins de poissons etc. Or, sur la biodiversité, les gens se disent : "Bon c'est triste mais ce sont des animaux". Non. En deçà d'un certain seuil de biodiversité, l'homme ne pourra pas survivre. Il y est intimement lié. De même, en deça d'un certain seuil de déforestation, l'homme ne pourra pas survivre non plus.
Cela vous met en colère de voir que nous n'avons pas vraiment de réaction ?
On n'a pas de réaction parce qu'on n'a pas été informé. Les gens n'ont pas été informés sur ce débat : est-ce qu'on va jusqu'à +1,5 degré de température sur Terre (on est déjà à +1,1) ou est-ce qu'on va jusqu'à deux degrés ? Le Giec, le groupe intergouvernemental d'experts sur le climat, ce ne sont pas des nains de jardins, a durcit ses positions scientifiquement en disant : "il est hors de question de dépasser 1,5 degré, hors de question d'aller jusqu'à 2 degrés." 1,5 degré les gens se disent : "bon, il fera plus chaud en Bretagne, sympa". L'année dernière, à seulement +1,1 degré, on a perdu 12% à 20% des récoltes agricoles donc vous imaginez que plus la température augmentera, plus les cultures agricoles vont baisser, plus le niveau des fleuves vont baisser, mettant en danger le refroidissement continu des centrales nucléaires qu'il va falloir mettre à l'arrêt en anticipant.
Pourtant cela fait des années que les médias en parlent. On ne mesure pas, on ne connaît pas ou il n'y a pas de réaction ?
Les gens n'ont pas le temps de faire le boulot que j'ai fait. Moi, j'ai le temps. J'ai lu plus d'un millier de sources parmi lesquelles j'ai trié, séparé, enlevé ce qui n'était pas fiable. Si on n'est pas informé, on n'est pas prêt à agir. Informer, c'est ce que devraient faire les gouvernants. Ce sont nos élus qui sont responsables de nos vies, de nos destins. Ils ne nous disent pas ce qu'a dit le Giec : à +1,5 degrès, on y sera vers 2030-2035, le quart du globe sera impacté et la moitié de l'Humanité, 4 milliards d'individus, sera en péril vital, autrement traduit, va mourir de chaud, de faim, de soif, d'épidémies.
Vous trouvez qu'il y a une irresponsabilité générale des dirigeants ?
Totale. Qu'est-ce qui s'est passé à la COP 24 ? Ils ont décidé d'aller jusqu'à 2 degrés c'est-à-dire d'impacter un quart de plus de l'Humanité, d'impacter les trois quarts de l'Humanité, de la faire mourir. C'est un choix qui a été fait. Donc il faut absolument abattre les lobbies, abattre le lobby agro-industriel. Il faut se rendre compte qu'un kilo de bœuf, ça représente une consommation de 13 800 litres d'eau. Même un morceau de sucre blanc, c'est 7 litres d'eau !
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