Cet article date de plus de deux ans.

Crise de la biodiversité : des scientifiques appellent à arrêter de considérer la nature comme une simple marchandise

Dans un nouveau rapport, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) revient sur la manière dont nos sociétés valorisent la nature dans un contexte d'extinction des espèces.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des isards dans le cirque de Troumouse (Hautes-Pyrénées), le 15 juin 2021. (LILIAN CAZABET / HANS LUCAS / AFP)

Que vaut la nature ? Quelle est la valeur culturelle, symbolique ou commerciale d'un animal ou d'une plante ? Ces questions sont centrales pour comprendre l'érosion de la biodiversité, qui menace un million d'espèces animales et végétales, analysent les scientifiques de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Dans un rapport publié lundi 11 juillet, les experts de l'IPBES estiment en effet que cette crise est "étroitement liée à la manière dont la nature est valorisée dans les décisions politiques et économiques". Ils regrettent que ces décisions soient trop focalisées sur "les profits à court terme et la croissance économique" et se fassent "au détriment de la nature et de la société, ainsi que des générations futures".

Pour faire face à cette situation, les scientifiques appellent à "s'éloigner des valeurs dominantes" et à intégrer d'autres manières de voir le monde à nos processus de décision. "Inverser l'impact humain sur la biodiversité requiert un changement systémique et transformateur", estiment-ils. Le rapport évoque une cinquantaine de méthodes pour mieux prendre en compte les différentes valeurs de la nature – culturelles, écologiques, etc. – et appelle les décideurs à s'en emparer.

Une "reconnexion avec la nature"

"L'idée n'est pas de demander à tout le monde se comporter comme des animistes [croyance qui dote les animaux et les plantes d'une âme], mais de se rendre compte qu'il y a des modes de pensée qui respectent mieux la nature que nous, comme ceux des peuples autochtones", traduit pour franceinfo Philippe Grandcolas, observateur pour le CNRS auprès de l'IPBES. L'écologue appelle par exemple à une véritable "reconnexion avec la nature" et cite le cas des parcs naturels.

Ce rapport est le fruit de quatre années de travail de 82 scientifiques et experts internationaux. Son résumé pour décideurs a été approuvé par les 139 gouvernements, dont la France, qui composent l'IPBES. Ces conclusions étaient déjà brièvement abordées dans certains textes, comme le dernier rapport sur l'utilisation durable des espèces sauvages, mais c'est la première fois que l'IPBES se penche exclusivement sur notre système de valeurs. En 2019, un rapport global de l'IPBES avait déjà identifié la croissance économique comme un facteur clé de disparition des espèces animales et végétales.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.