Dérèglement climatique : la canicule sévit aussi en mer, la Méditerranée en surchauffe
La température de l'eau dépasse largement les normales de saison en Méditerranée, au détriment de la biodiversité sous-marine.
La mer Méditerranée est en surchauffe cet été. L'observatoire Keraunos a relevé 30 degrés au large de la Corse, le week-end dernier ; sur le littoral niçois, le thermomètre affichait 28 degrés mardi 27 juillet, soit trois degrés de plus que la normale de saison.
Ce qui semble être une bonne nouvelle pour les baigneurs frileux est en réalité une catastrophe pour l'écosystème marin. Si Marie, vacancière, profite de la plage face à une eau méditerranéenne à 26 degrés, elle est bien consciente que "c'est à cause du réchauffement climatique".
De nouvelles espèces prolifèrent...
Ce dérèglement climatique sous-marin, Sandrine Ruitton, l'a observé tout au long de sa carrière. Elle est chercheuse à l'Institut méditerranéen d'océanologie, à Marseille, et plonge depuis 25 ans pour observer les fonds marins. Au cours de ces années, elle a noté l'apparition et la multiplication d'espèces qui prospèrent normalement dans les eaux chaudes, voire tropicales, comme le barracuda.
"Depuis les années 2000, on rencontre fréquemment des barracudas, on voit même des bancs énormes de plusieurs centaines d'individus, ce qui n'existait pas avant. Cette espèce arrive désormais très bien à se reproduire sous nos latitudes."
Sandrine Ruittonà franceinfo
En parallèle de l'apparition d'espèces qui aiment la chaleur, la chercheuse constate la disparition de celles qui préfèrent l'eau froide. Sandrine Ruitton parle même de "mortalité massive" à venir, face à la diminution du nombre de coraux comme les gorgones, ou à la nécrose croissante d'éponges.
...tandis que d'autres disparaissent
Ces disparitions pourrait devenir problématiques pour l'équilibre de l'écosystème marin, selon Jean-Pierre Gattuso, chercheur au CNRS. Il travaille au laboratoire océanographique de Villefranche sur Mer et s'inquiète notamment pour la posidonie, une herbe sous-marine. "Nos collègues espagnols estiment qu'elle pourrait disparaître des îles Baléares d'ici 2040", rapporte-t-il.
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— Jean-Pierre Gattuso (@jpGattuso) July 19, 2022
Or ces posidonies stockent du carbone et permettent de créer un habitat favorable à toute une biodiversité. Avec leur disparition, "un système qui était un puits de CO2 deviendra une source de CO2", prévoir Jean-Pierre Gattuso.
À noter également que la canicule sous-marine peut avoir un impact météorologique. Une mer plus chaude augmente en effet le risque d'épisodes méditerranéens, à savoir, les gros orages qui touchent le sud-est de la France à l'automne.
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