Deux millions d'euros pour sauver le criquet de Crau : "Tout le monde se dit qu'autant d'argent pour un criquet, c'est bizarre, mais..."
Alors que se tient depuis vendredi à Marseille le Congrès mondial de la nature, la réserve naturelle de la Crau, dans les Bouches-du-Rhône, s’est vue attribuer deux millions d’euros pour sauver une espèce de criquet menacée d’extinction.
A moins d’une heure de route du congrès mondial de la nature qui se tient à Marseille depuis vendredi, la réserve naturelle de la Crau, dans les Bouches-du-Rhône vient d’obtenir deux millions d’euros pour tenter de sauver le criquet de Crau, une espèce endémique classée en danger critique d’extinction.
Cet insecte n’existe que sur ce territoire
Dans un champ de gros galets beiges, au milieu de quelques brins d’herbe jaunis, les deux petites volières posées dans cette plaine de la Crau sont un radeau de survie pour les derniers criquets qui vivent ici. Cet endroit, c’est la pouponnière des criquets. Des nids ont été installés dans le sol pour tenter de préserver l’espèce et pour envisager plus tard une réimplantation. Cet insecte gros comme un pouce n’existe que sur ce territoire. Et il n’est pas possible de le faire grandir ailleurs, explique Claire Pernolet chargée de mission scientifique au conservatoire d’espace naturel de Paca.
"Il y a un problème dans le développement des embryons donc on n'arrive pas à obtenir d'éclosion dans un zoo."
Claire Pernoletà franceinfo
Ce criquet est en déclin depuis vingt ans, fragilisé par l’avancée de l’agriculture et des centres logistiques et par une alliance non dite entre des oiseaux prédateurs et les troupeaux de mouton qui sont sur le site. "On a des suspicions de prédation par des hérons garde-boeufs et des corvidés, poursuit-elle. Ces oiseaux sont assez associés aux élevages de moutons : le troupeau de moutons se déplace et cela fait sauter les criquets et les sauterelles, en augmentant la capacité de capture des hérons qui sont côte-à-côte avec les moutons."
Des fonds pour connaître la cause de son déclin
Pour tenter de sauver ce criquet, presque deux millions d’euros ont été débloqués par l’Europe et les acteurs locaux. Ils serviront à mieux connaitre les causes du déclin et à peser sur l’environnement de cet insecte qui reste précieux pour la biodiversité, dit Lisbeth Zekner coordinatrice de ce projet. "Evidemment, tout le monde se dit qu'autant d'argent pour un criquet, c'est bizarre, personne ne comprend notre enthousiasme, concède-t-elle. Et je le comprends très bien. Même auprès des éleveurs, ce n'est pas toujours évident parce qu'ils ont d'autres problèmes, d'autres enjeux dans leur travail. Mais ce criquet est pourtant le symbole qui montre si ce milieu va bien ou pas..." Cette opération se fait avec les éleveurs de la réserve qui sont associés et indemnisés.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.