Cet article date de plus de quatre ans.

Ours tué en Ariège : l'Etat doit “respecter son engagement de remplacer tout animal qui meurt de cause humaine”, selon l'association Pays de l'ours

"On ne peut pas dire que l'Etat montre une grande détermination et un grand volontarisme", déplore Alain Reynes, président de l'association Pays de l'ours, invité mercredi 10 juin sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un ours brun d'Europe. (illustration) (PHILIPPE CLEMENT / MAXPPP)

“Il n'est pas question de renoncer à la restauration de la population d'ours” dans les Pyrénées, a martelé mercredi 10 juin sur franceinfo Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'ours, alors qu'un ours a été retrouvé mort tué par balles en Ariège mardi. Au-delà de l'importance pour lui de retrouver l'auteur, il souhaite que “l'Etat respecte son engagement de remplacer tout animal qui meurt de cause humaine”, car la population d'ours reste menacée dans les Pyrénées.

franceinfo : On imagine que pour vous, c'est primordial de retrouver le ou les responsables de la mort de cet ours ?

Alain Reynes : Oui, bien sûr, il est important d'identifier l'auteur. Il est important de le condamner. Au-delà de ça, ce qui est encore plus important pour nous, c'est que l'Etat respecte son engagement de remplacer tout animal qui meurt de cause humaine. On est sur une toute petite population d'ours, une cinquantaine, c'est la plus petite population d'Europe, et une population qui est encore menacée. Chaque individu est important et on ne peut pas se permettre de donner raison aux braconniers et que des personnes s'autorisent à éliminer les ours.

Vous n'avez pas de garantie de l'Etat sur le remplacement de cet ours ?

Non, malheureusement. Dès hier après-midi, j'ai envoyé un message au ministère de l'Écologie en leur disant qu'il était fondamental que la ministre annonce le remplacement de cet animal de manière à montrer la détermination de l'Etat et à montrer que les braconniers n'auront pas raison et malheureusement à cette heure j'attends toujours cette annonce. On ne peut pas dire que l'Etat montre une grande détermination et un grand volontarisme pour la restauration de la population d'ours dans les Pyrénées.

L'Etat va porter plainte tout de même.

Oui, l'Etat va porter plainte, mais vous savez, la liste des affaires précédentes des violences des opposants à l'ours dans les Pyrénées, pour lesquelles il y a eu des plaintes déposées et pour lesquelles on attend toujours qu'une seule personne soit en examen ou comparaisse, est longue. L'année dernière, il y a un véhicule de l'Etat qui a été incendié. C'est une affaire qui est restée à ce jour sans suite. L'année dernière, il y a des agents de l'Etat qui ont été menacés et qui ont été insultés, pareil pour des militants associatifs dans le cadre d'une manifestation violente organisée par les opposants à l'ours, etc. La liste est longue.

On ne peut plus se contenter de 'on ouvre une enquête' et puis, quand l'effervescence médiatique est retombée, petit à petit, tout le monde oublie.

Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'ours

sur franceinfo

Et puis, pour calmer le jeu, il semble que tout cela soit mis sous le tapis et qu'on passe à autre chose. Donc, ça suffit. L'escalade de la violence vient de franchir un nouveau pas. On ne peut pas se permettre de le laisser passer. Et l'État ne peut pas rester sans réagir à ces actes-là.

C'est le deuxième ours qui est retrouvé mort dans les Pyrénées cette année. Il y a déjà une dépouille qui a été retrouvée au mois d'avril. Est-ce que vous en savez plus aujourd'hui sur ce qui s'est passé ?

Sur le premier, c'était en Espagne, en Catalogne, et malheureusement, à ce jour, nous n'avons aucune information sur les circonstances de la mort de cet animal. Récemment, nous avons effectivement mis en cause conjointement les gouvernements français et catalan ou espagnol sur leur manque de détermination et de conviction dans ce dossier. On préfèrerait avoir un discours clair, un discours ferme, de dire 'bien sûr qu'il faut concilier les différents enjeux', mais il n'est pas question de renoncer à la restauration de la population d'ours. La population n'est pas viable. Il va falloir lâcher de nouveaux ours. Tenons un discours clair et un discours de vérité. Tout autre discours ne fait qu'encourager des actions radicales et violentes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.