"Takakia", la plus vieille mousse du monde, risque de disparaître à cause du changement climatique
On la trouve dans certains des endroits les plus reculés de la planète, comme les falaises glacées du plateau tibétain et les montagnes de l'Himalaya. La mousse la plus vieille du monde, qui répond au nom de "Takakia", a su résister à différents climats pendant 390 millions d'années. Elle est dotée d'une capacité d'adaptation exceptionnelle : c'est l'une des plus rapides de son espèce à évoluer, d'après les scientifiques. Mais cela risque de ne pas suffire face au dérèglement climatique, selon une étude publiée le 9 août dans la revue scientifique américaine Cell.
Entre 2010 et 2021, les chercheurs ont entrepris 18 expéditions jusqu'à 4 000 mètres d'altitude dans les montagnes de l'Himalaya afin de collecter des échantillons et d'étudier l'habitat de la mousse. Leurs conclusions sont alarmantes : les populations de Takakia auraient déjà diminué d'environ 1,6% chaque année, pendant que les scientifiques étudiaient les caractéristiques de la mousse.
Une disparition envisagée d'ici une centaine d'années
"Le déclin observé au cours des dix dernières années est un signal des graves dangers du réchauffement climatique", avertissent les auteurs de l'étude. En effet, avec la fonte des glaciers provoquée par la hausse des températures, la mousse est exposée à davantage de rayonnements ultraviolets, selon les chercheurs. Un changement auquel elle n'est pas adaptée.
D'ici la fin du siècle, les endroits qui présentent des conditions adaptées à la survie de Takakia pourraient être réduits à environ 1 000 ou 1 500 km2 maximum. Ce qui signifie que cette mousse extrêmement résiliente risque de disparaître complètement de la surface de la Terre d'ici une centaine d'années, selon les chercheurs.
Les scientifiques font tout de même leur possible pour sauver Takakia, en reproduisant certains spécimens en laboratoire, avant de les replanter, suivant un protocole expérimental. "On ne peut pas rester assis là à ne rien faire, explique Yikun He, l'un des auteurs de l'étude, cité par la chaîne américaine CNN. "Après cinq années d'observation, on s'est rendu compte que certaines des pousses transplantées arrivent à survivre et à prospérer. Cela pourrait permettre d'aider Takakia à se rétablir – ou au moins, à retarder le moment de l'extinction. "
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