Changement climatique : "Un climat de plus en plus tropical", s'inquiètent des agriculteurs du Tarn
Face au changement climatique, les agriculteurs doivent faire évoluer leurs pratiques afin de s'adapter et de continuer à produire tout en réduisant leur impact sur l'environnement.
C'est la fin du Varenne de l'eau, mardi 1er février. Cette consultation, lancée il y a neuf mois par les ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture, a pour but de trouver des solutions afin de faire coexister rentabilité économique des exploitations agricoles et préservation de l'environnement, notamment de l'eau. Car "l'or bleu" se fait de plus en plus rare à mesure que le changement climatique s'installe. C'est notamment le cas dans la région de Toulouse.
Ainsi, l'agence de l'eau du bassin Adour-Garonne prévoit d'ici 2050 un déficit en eau de plus d'un milliard de mètres cubes, soit la moitié des consommations annuelles pour le moment, à cause du changement climatique. "On a 120 000 kilomètres de rivières mais avec des débits relativement faibles. Le volume d'eau qui passe dans la Garonne chaque année est sept fois moins important que dans le Rhône", détaille Guillaume Choisy, son directeur général.
Trouver des plantes moins gourmandes en eau
Ce déficit est notamment causé des phénomènes de plus en plus extrêmes. "Comme l'ensemble du Sud, on est plus exposés aujourd'hui au changement climatique, avec des périodes de fortes précipitations en hiver et de fortes restrictions d'eau sur les périodes d'été, qui sont de plus en plus longues", explique ainsi Guillaume Choisy. Les agriculteurs sont les principaux concernés par ces phénomènes. "On se tourne vers un climat de plus en plus tropical. C'est compliqué", confirme Philippe Maffre, installé dans le Tarn, au sud d'Albi.
Cet agriculteur a déjà subi plusieurs années des restrictions en eau pour son exploitation. Il a donc décidé de changer le type de plantations sur ses sols : "On a enlevé le maïs parce que c'est très gourmand en eau et on est passé sur des protéagineux et oléagineux, c'est-à-dire le soja, qui est beaucoup moins gourmand en eau." Il s'interroge maintenant sur l'intérêt de passer au sorgo, une plante originaire d'Afrique, "encore moins gourmandes en eau".
Au-delà de la consommation d'eau propre à chaque plante, les calendriers des culture tendent à se décaler. "On a des périodes de plus en plus tardives, notamment sur le soja, raconte Philippe Maffre. On a aussi des stress hydriques sur la fin. Il faut donc arroser jusqu'à mi-septembre." En 2019, cet arrosage avait d'ailleurs, selon lui, duré jusqu'à fin septembre.
Jusqu'à 9 000 euros d'aides financières
D'autres solutions sont mises en avant par l'agence de l'eau Adour-Garonne, qui se basent sur l'agroécologie, pour faire face au changement climatique. "Pouvoir éviter de retourner les sols tous les ans, permettre qu'il y ait des couverts végétaux, faire en sorte que l'eau s'infiltre mieux dans le sol et puisse y rester plus longtemps...", liste Guillaume Choisy.
Autant de solutions qui demandent un accompagnement financier pour aider les agriculteurs dans cette transition. Dans ce cadre, paiement "pour service environnemental" existe dans le bassin Adour-Garonne depuis trois ans. C'est le premier bassin à l'avoir mis en place. Il s'agit d'un bonus de 3 000 à 9 000 euros pour les exploitants qui ont des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et permettant de préserver l'eau. À ce jour, 911 exploitations en ont bénéficié.
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