COP27 : les modalités du fonds d'aide aux pays pauvres, "une bataille ardue" à venir pour Greenpeace France
Principales victimes du réchauffement climatique, les pays pauvres ont arraché à la COP27 un accord qualifié d"historique" sur la question de pertes et dommages. Reste à définir les modalités pour l'abondement du fonds qui leur sera destiné et les conditions d'attribution.
"Il faut saluer une avancée historique sur la question des pertes et dommages", estime Clément Sénéchal, chargé de campagne "climat" à Greenpeace France, invité sur franceinfo dimanche 20 novembre, après l'accord trouvé à la COP27 dans la nuit de samedi à dimanche.
Même s'il concède que c'est un bilan en demi-teinte, "il faut saluer une avancée historique sur la question des pertes et dommages", explique Clément Sénéchal. "Il était urgent d'acter un mécanisme de solidarité international pour secourir les populations les plus exposées et les plus vulnérables aux impacts du réchauffement climatique."
Les modalités de cet accord seront établies l'année prochaine lors de réunions, "ça augure de nouvelles batailles", prévient-il. "Quels états éligibles ? Quels États contributeurs ? Quel montant ? Quelle source de financement ? Les États-Unis et l'Union européenne poussent, aussi, pour inclure la Chine, ce qui modifierait l'équilibre géopolitique acté en 2015 par l'accord de Paris, c'est-à-dire la distinction entre pays développés et pays en voie de développement." Le texte prévoit que ce fonds soit opérationnalisé lors de la COP28 à Dubaï.
Sur la question des sources de financement de ce fonds, tout se jouera "autour de la taxation des super-profits des industries fossiles qui sont les premières responsables des malheurs que subissent les populations du Sud", explique-t-il."Ce sera une bataille ardue, je pense que les pays développés vont mettre en oeuvre un certain nombre de stratégies".
Il faut que les États sortent de leur "imposture climatique"
Pour le chargé de campagne "climat" à Greenpeace France "tout n'est pas perdu". Il appelle à la mobilisation de la société civile et à ce que "les États développés acceptent un peu de sortir de leur posture et de leur imposture climatique". Concernant l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5° d'ici 2100, "il est préservé dans le texte mais il devient de plus en plus compromis dans la réalité parce que la communauté internationale continue de mépriser les causes du réchauffement climatique". L'expert regrette que ce nouveau texte n'inclut pas la sortie de l'ensemble des énergies fossiles avec un "calendrier clair et contraignant".
Il a également pointé du doigt l'éxecutif français qui, pour lui, "ne tient pas ses obligations en terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, n'a toujours pas d'objectif climatique ambitieux qui soit aligné avec l'accord de Paris et continue de soutenir massivement les énergies fossiles que ce soit en terme de subventions. On a un budget 2023 qui est plus carbonné que le budget 2022 et on a des entreprises comme Total qui continuent des projets pétroliers massifs, par exemple en Afrique, et le gouvernement ne fait rien pour les arrêter alors que l'Agence internationale de l'énergie est très claire, si on veut respecter l'accord de Paris, il ne faut plus d'infrastructures fossiles."
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