COP28 à Dubaï : faut-il être un pays exemplaire quand on accueille une COP ?

Si près de 200 pays sont réunis pour deux semaines dans l'émirat, la question de l'empreinte carbone de Dubaï reste ouverte.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La Dubaï Marina, le 23 novembre 2023. Dubaï s'apprête à accueillir à partir du jeudi 30 novembre, la COP28. (KARIM SAHIB / AFP)

Piste de ski intérieure à Dubaï maintenue à -2 degrés, des gratte-ciel, des villes bâties dans le désert, des îles artificielles et, bien sûr, les gisements de pétrole et de gaz. Aux portes du désert, à Dubaï, le site de l'Exposition universelle de 2020 devient pour deux semaines le cœur battant de la diplomatie climatique à l'occasion de la COP28. Et pour cette 28e conférence des Nations unies sur le changement climatique, les Emirats et l'ONU espèrent une COP aussi historique que celle de Paris en 2015. 

Pour cela, les Emirats ont vu les choses en grand : le petit pays pétrolier du Golfe a dépensé sans compter, censée inciter les pays à passer la vitesse supérieure sur la transition énergétique. Mais, forcément, un élément heurte les consciences : faut-il être un pays exemplaire quand on accueille une COP ? Force est de constater que non : les Émirats arabes unis, hôte 2023, ont l'une des pires empreinte carbone par habitant de la planète, avec près de 22 tonnes par an, contre près de 8 tonnes pour un Français, en 2022. Des chiffres qui classent le pays  - qui n'était qu'un petit port de pêche avant la découverte du pétrole dans les années 1960 - dans le top 10 mondial, analyse Benjamin Auger, chercheur à l'Institut français des relations internationales : "Il y a un style de vie qui est extrêmement consommateur. Beaucoup de climatisation pendant six mois de l'année où il fait extrêmement chaud, des voitures qui consomment beaucoup, beaucoup d'essence, principalement des SUV... Un style de vie qui est permis par une énergie extrêmement peu coûteuse du fait qu'il en produisait depuis de longues décennies."

"Heureusement qu'il ne faut pas être exemplaire pour accueillir une COP !"

Il y a aussi, explique François Gemenne, coauteur du dernier rapport du GIEC, "l'impact du tourisme et les infrastructures", comme l'aéroport de Dubaï. "Et donc c'est ça qui va beaucoup compter. Heureusement qu'il ne faut pas être exemplaire pour accueillir une COP ! Si, vraiment, nous devions refuser l'organisation des COP à tous les pays qui ont fondé leur développement sur l'exploitation des énergies fossiles, j'ai envie de dire qu'il n'y a quasiment plus que le Costa Rica qui pourrait être candidat à l'organisation", tacle le chercheur belge.

Les Emirats promettent en tout cas qu'ils produiront à l'avenir plus d'énergies renouvelables, qu'il y aura davantage de métros et de trains, avec un objectif affiché de neutralité carbone en 2050. Mais sans compter, et ce n'est pas rien, l'impact du pétrole et du gaz exporté.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.