COP28 : un nouveau projet d'accord appelle à "réduire" les énergies fossiles sans en sortir, la France dénonce un texte "insuffisant"

Ce texte préparé par les Emirats arabes unis ne fait pas mention d'une sortie des énergies fossiles, alors que plusieurs pays et organisations militent pour cette formulation plus ambitieuse.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président de la COP28, Sultan al-Jaber, participe à une réunion dans le cadre de l'événement à Dubaï (Emirats arabes unis), le 8 décembre 2023. (DOMINIKA ZARZYCKA / NURPHOTO / AFP)

Un dernier brouillon avant la copie finale ? Un nouveau projet d'accord à la COP28 sur le climat, préparé par les Emirats arabes unis, a été rendu public, lundi 11 décembre, à la veille de la clôture prévue de la conférence de l'ONU. Il appelle notamment à la "réduction à la fois de la consommation et de la production des énergies fossiles", mais ne mentionne pas le mot de "sortie" des énergies fossiles, qui est au cœur des négociations à Dubaï.

La réduction du recours au charbon, au pétrole et au gaz doit se faire "d'une manière juste, ordonnée et équitable, de façon à atteindre zéro net [la neutralité carbone] d'ici, avant ou autour de 2050", selon ce projet d'accord. Sur le charbon, le texte appelle à "réduire rapidement le charbon sans captage de carbone". Il recommande aussi de limiter "les permis accordés pour de nouvelles centrales au charbon" sans captage de carbone.

Le projet mentionne également le nucléaire et les technologies de captage et de stockage du carbone "afin d'améliorer les efforts pour substituer les énergies fossiles sans captage (unabated) dans les systèmes énergétiques". Les technologies de captage et de stockage sont exigées par les pays producteurs de pétrole et de gaz pour continuer à pomper des hydrocarbures, mais restent balbutiantes. Le texte reprend enfin l'objectif de triplement mondial des énergies renouvelables et de doublement du rythme d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici 2030.

"Encore beaucoup à faire", selon le président de la COP28

"Ce texte est insuffisant", a réagi la ministre de la Transition énergétique française, Agnès Pannier-Runacher, depuis Dubaï. "Il y a des éléments qui ne sont pas acceptables en l'état", notamment sur le charbon, a-t-elle estimé, exprimant sa "déception". L'Union européenne a également critiqué un projet d'accord "clairement insuffisant", tandis que les Etats-Unis ont appelé à en "renforcer fortement" le contenu. Ce texte est "totalement insuffisant" sur la question des énergies fossiles, a aussi dénoncé l'Alliance des petits Etats insulaires. "Nos voix ne sont pas entendues", a déploré ce groupe.

Le projet dévoilé "représente une régression importante par rapport aux versions précédentes", a commenté l'ONG Climate Action Network, qui représente plus d'un millier d'associations. "De façon stupéfiante, il n'inclut plus de formule explicite sur la sortie des énergies fossiles", contrairement aux premiers projets d'accord de cette COP28, a-t-elle souligné. 

"Nous avons fait des progrès, mais nous avons encore beaucoup à faire", a déclaré le président de la COP28 Sultan al-Jaber, après la publication du nouveau projet de compromis jugé décevant par les ONG et de nombreux pays. "Nous devons encore combler de nombreux différends", a-t-il reconnu en séance plénière, assurant qu'il n'y avait "pas de temps à perdre""Il est temps de décider", a-t-il pressé.

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