COP29 : pourquoi la question du pétrole est au cœur de nombreux débats à Bakou
C'est une relation fusionnelle et ancestrale, mais qui inquiète certains. L'Azerbaïdjan, dont la capitale Bakou accueille la COP29 à partir de lundi 11 novembre, est l'un des plus anciens pays pétroliers. Si ce sommet climat, qui intervient alors que tous les continents ont fait face aux catastrophes naturelles cette année, sera essentiellement consacré a la recherche d'argent pour soutenir les pays en développement, il devrait aussi avancer sur le sujet de la fin du pétrole... Alors que le pays hôte est un gros producteur d'hydrocarbures.
L'Azerbaïdjan a en effet vu sa production exploser dans les années 1990, quand elle a fait entrer les compagnies internationales pour forer en eau profonde dans la mer Caspienne. Depuis, le gaz et le pétrole représentent un tiers du PIB, représentant l'essentiel des exportations du pays.
Dans le pays, les centrales électriques tournent au gaz et certaines pompes dans les stations essence affichent le litre a 50 centimes d'euro. La compagnie nationale pétrolière est étroitement liée au développement du pays : l'actuel président du pays, Ilham Aliyev, en a été un dirigeant, le président de la COP, Mukhtar Babayev, est aussi un ancien de la State Oil Company of Azerbaijan Republic (SOCAR) et le PDG de l'entreprise fait, lui, partie du comité d'organisation.
Trois COP d'affilée dans des pays producteurs d'hydrocarbures
Comme beaucoup d'autres pays producteurs, l'Azerbaïdjan compte augmenter sensiblement l'extraction. Or, cela entre en contradiction avec les préconisations de l'Agence internationale de l'énergie, mais le pays a signé un contrat pour doubler les exportations de gaz à destination de l'Europe. Enfin, s'il passe progressivement du pétrole au gaz et si Bakou est en train de développer les énergies fossiles s'est essentiellement pour sécuriser la vente a l'étranger.
Reste que certains s'inquiètent : après l'Égypte en 2022 et Dubaï en 2023, c'est la troisième fois d'affilée que la COP est organisée par un pays producteur d'hydrocarbures. "Les lobbies du pétrole sont en train de tout faire pour faire capoter les négociations", dénonce ainsi le climatologue Jean Jouzel. Selon lui, le choix de Bakou pour cette 29e Conférence des parties sur les changements climatiques est "démocratique", mais après l'Égypte en 2022 et Dubaï en 2023, "ça fait un peu beaucoup, trois COP (d'affilée) avec des pays producteurs de pétrole".
L'ancien membre du GIEC tient à souligner tout de même que "c'est la rotation normale des régions". Le choix d'organiser une réunion internationale dédiée à obtenir des résolutions écologiques à Bakou "a été accepté par les Nations Unies". "On ne peut pas s'opposer à ce que la région Asie ait accepté que ce soit l'Azerbaïdjan", ajoute le climatologue, rappelant que "la prochaine fois, ce devrait être le tour de l'Europe".
L'optimisme après Dubaï
De leur côté, certaines ONG expriment leur inquiétude face à l'omniprésence du pétrole, qui est devenu l'énergie à abandonner pour la survie de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C avec les accords de Paris. C'est d'ailleurs gravé dans le marbre : c'est la principale avancée de la dernière COP à Dubaï. Les pays s'étaient alors mis d'accord sur une "transition hors des énergies fossiles".
Mais il ne s'agit que d'une déclaration pour l'instant : la mise en place doit précisément se faire à Bakou. Reste à voir si la présidence va réellement pousser cet agenda. Les plus optimistes soulignent qu'à Dubaï, le président de la COP était un dirigeant de compagnie pétrolière, ce qui n'a pas empêché une déclaration finale pour s'éloigner des énergies fossiles.
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