Cet article date de plus de cinq ans.

Vidéo "Je m’en fous du minerai, moi" : en Nouvelle-Calédonie, des Kanaks s’inquiètent des ravages du nickel sur l'environnement

Publié
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France

En Nouvelle-Calédonie, loin de Katowice et de la COP 24, des habitants s'alarment des conséquences de l'exploitation des mines de nickel sur la nature.

Les États se sont donné rendez-vous à Katowice (Pologne) pour la COP24, pour fixer les modalités d'application de l’accord de Paris et limiter le réchauffement climatique. Ailleurs dans le monde, des anonymes se battent aussi pour défendre l'environnement. Ainsi, à 17 000 kilomètres de la métropole, en Nouvelle-Calédonie, des habitants s'alarment des conséquences de l'exploitation des mines de nickel sur la nature : des centaines de milliers de tonnes de minerai sont extraites chaque année à Kouaoua, sur la côte Est de la Grande-Terre, dans la province Nord.

"Avec l’engravement, il n’y a plus rien"

Là, certains cocotiers ont près de 50 ans. Adolphe en a planté plusieurs alors qu’il n’avait que dix ans à l’époque. Et si ces arbres résistent au temps qui passe, la rivière Kouaoua, qui coule au milieu de son village, n’a plus rien à voir avec les souvenirs d’enfance d’Adolphe. "À l’époque de ma jeunesse, témoigne-t-il, on était sur une profondeur de 3 à 4 mètres. Aujourd’hui, avec l’engravement et l’exploitation de la mine, il n’y a plus rien, comme vous pouvez le voir : à peine 40 centimètres. Certains poissons ont disparu, d’autres ont vu leur taille diminuer." Les ignames et le manioc sont aussi beaucoup moins gros qu’avant, observe Adolphe. Autre conséquence de cet engravement : sa tribu, celle d’Amon-Kasiori, va devoir se déplacer. Mais difficile pour Adolphe de s’opposer à la SLN (la Société Le Nickel), la société minière filiale d'Eramet qui emploie des centaines de personnes sur la commune.

>> Climat : de la Louisiane au Mékong, de Cotonou à Vanuatu, ces régions qui deviennent inhabitables 

Pourtant, Hollando et une dizaine de jeunes Kanaks des villages alentours ont décidé de réagir. Lorsqu’ils ont appris que les chefs coutumiers de leurs tribus avaient accepté l’exploitation de trois nouveaux gisements. Iils ont décidé de bloquer l’accès aux mines de Kouaoua. Les travaux avaient déjà commencé quand ils sont arrivés. Hollando nous montre des tronçons de chênes-gommes abandonnés sur le sol poussiéreux. "Il faut des centaines d’années pour avoir cette grosseur-là. C’est pour cela que nous bloquons ces endroits. C’est tabou, ils sont sacrés, même nous nous ne pouvons pas y aller. La SNL, elle, y va. C’est là que les cagous se reproduisent, c’est une espèce endémique chez nous, et l’emblème du pays."

C’est tellement ravagé ici que plus rien ne repousse. C’est là que nous chassons, que nous pêchons, il y a beaucoup de jeunes qui ne vivent que de cela...

Hollando

à franceinfo

À quelques mètres, des jeunes surveillent leur barrage en écoutant du reggae dans leur campement de fortune coloré, orné de drapeaux kanaks. Ils ne partiront que si le projet d’ouverture des nouvelles concessions minières est abandonné. Stéphane ira jusqu’au bout : "On défend la terre et l’environnement, soupire-t-il. Je m’en fous moi du minerai, de l’argent. On ne touche pas la terre, c’est tout."

Leur détermination a payé : ces jeunes Kanaks écolos ont levé leur barrage, fin octobre. Après deux mois et demi de blocage, les autorisations d’exploitation sur ces nouveaux gisements ont été annulées par la province Nord. La SLN, elle, assure prendre en compte toutes les problématiques environnementales passées et présentes causées par l'exploitation du nickel.

Ecoutez le podcast "Agir pour ma planète"

Quel est l'impact du réchauffement climatique sur l'environnement ? Quels dangers, quelles solutions ? Retrouvez toutes les émissions et les chroniques des antennes de Radio France sur le changement climatique, à l'occasion de la COP24.

Abonnez-vous sur iTunessur Deezervia un flux RSS

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.