COP26 : les data centers en quête de solutions pour réduire leur empreinte environnementale
Si l’humanité poursuit la trajectoire actuelle, le seuil d’1,5°C pourrait être dépassé dès 2030, soit 10 ans plus tôt que prévu. Les centres de stockage des données (data centers), responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du secteur numérique, cherchent des solutions.
Le ronflement est permanent entre les murs du data center de La Courneuve, près de Paris. Les ventilateurs des serveurs sont à l'origine de cette mélodie aussi ronflante que constante. Ici, dans l'un des plus grands data centers français, sont notamment stockées les vidéos que vous regardez sur internet. Le tout dans un matériel qu'il faut absolument le refroidir. "Parce que la salle serait tout simplement chaude. Elle monterait à plus de 50°C, en 10, 15 minutes à 45 degrés. Les machines se mettent en sécurité", expose Fabrice Coquio, directeur général d'Interxion France, l'un des leaders du secteur.
Dans la salle digne d'un coffre-fort, la température est maintenue à 24°C. "Si j'arrêtais les systèmes de climatisation, tout ça, en moins de dix minutes, ça s'arrêterait." Maintenir une certaine température est essentiel au bon fonctionnement des machines tout autant qu'il peut être énergivore. Alors que le numérique représente 4% des émissions de CO2 au niveau mondial, ce type d'infrastructure est appelé à faire des efforts.
"À Marseille, nous venons de connecter un refroidissement par eau de rivière qui fait que 99% du temps, je tourne sans électricité."
Fabrice Coquio, directeur général d'Interxion Francefranceinfo
Une consommation équivalente à 50 000 habitants
Ici, pour comprendre comment l'entreprise tente de limiter sa consommation d'électricité, il faut emprunter un ascenseur. "On est sur le toit. C'est ce qu'on appelle la terrasse technique.On va utiliser la capacité frigorifique de l'air pour refroidir naturellement nos installations, sans avoir même à faire tourner les compresseurs et donc à consommer de l'électricité", précise Fabrice. L'air extérieur est exploité pour refroidir les serveurs, c'est ce qu’on appelle le "free cooling".
Mais de l'électricité, il en faut malgré tout pour alimenter tous ces appareils. "Ici, on est dans un bâtiment de 32 mégawatts. 32 mégawatts c'est à peu près ce que consomme une ville de 50 000 habitants. On est véritablement une usine électrique." La France compte environ 200 centres de données et les chantiers se multiplient.
Une empreinte environnementale qui augmente
En Seine-Saint-Denis, Interxion construit le plus grand data center du pays. "Au XIXe siècle, on faisait des gares et des voies ferrées. Au XXe siècle, des aéroports à des autoroutes. Au XXIe siècle, on fait des câbles et des data centers. Il n'y a pas de monde numérique, s'il n'y a pas les infrastructures pour, dont les data centers."
Mais pour certains, il faut ralentir. Hugues Ferreboeuf, de l'association The shift project, plaide pour la sobriété numérique. "L'empreinte environnementale du numérique monte à un rythme de l'ordre de 5 à 6 % par an. A-t-on vraiment besoin de deux smartphones, un pour l'usage professionnel et un pour l'usage privé ? C'est ce genre de sens de la mesure, qui doit se remettre en place."
Une loi pour réduire l'empreinte environnementale du numérique est en préparation. Elle sera de nouveau examinée le 2 novembre au Sénat. La COP26 doit débuter le 31 octobre à Glasgow.
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