A la COP26, le parcours du combattant des petites délégations pour rejoindre Glasgow
En raison des mesures sanitaires, de nombreuses délégations ont rencontré des difficultés pour arriver à Glasgow. Elles témoignent auprès de franceinfo.
"Vas-y, c'est le bureau 12 à côté de la Belgique, au fond à gauche." Appolinaire Gnanvi se repose quelques instants avant de suivre son collègue. Tous deux sont délégués du Bénin à la COP26 de Glasgow (Ecosse). Assis dans un fauteuil confortable en face de l'entrée des bureaux des délégations, il participe, ce dimanche 31 octobre, à sa 6e Conférence des parties. "Cette fois-ci, ça n'a pas été facile de venir", raconte-t-il à franceinfo. Parti le vendredi de Cotonou, la capitale du Bénin, il est passé par Paris, puis Londres et enfin Glasgow. "On a dû changer de plans de vols. Lors de l'émission des billets, on ne pouvait plus traverser deux pays de l'espace Schengen", se souvient-il.
En cause, les mesures sanitaires pour faire face à la pandémie de Covid-19. Même si elles ont été allégées (document PDF) par le gouvernement britannique après les critiques de la communauté internationale, craignant une "COP de riches et de privilégiés", les petites délégations ont rencontré plusieurs obstacles avant de pouvoir passer les étroits tourniquets de sécurité de la COP. Certificat de vaccination, test, lettre de confirmation... Kouka Ouedraogo, membre de la délégation du Burkina Faso, a eu du mal à remplir les documents demandés pour assister à la conférence. "Nous n'avions pas d'ambassade [du Royaume-Uni] au Burkina, nous étions obligés d'aller au Ghana. Ça a pris du temps", raconte-t-il au micro de Matthieu Boisseau et Lena Soudre, pour France 2.
"Beaucoup de choses sont compliquées, parce que nous ne parlons pas anglais. Nous devions comprendre les questions, les formulaires, tout... C'est compréhensible à cause de la situation sanitaire, mais nous aurions aimé que ce soit plus simple", ajoute l'Indonésienne Mina Setra.
Un logement hors de prix à Glasgow
Une fois ces documents réunis, le voyage n'a pas été de tout repos. Quand on lui demande les conditions de son arrivée, Lafita Meatuai Paeniu Pita, membre de la délégation de l'archipel des Tuvalu, soupire. "C'était très difficile. Il n'y a aucun vol commercial qui part des Tuvalu, vers aucune partie du monde. Une compagnie chinoise a donc organisé un charter. Nous sommes partis des Fidji, direction la Chine, puis Singapour, puis Londres et enfin Glasgow", liste la déléguée. Le voyage a duré cinq jours.
Même parcours du combattant pour Tshering Tashi, membre de la délégation du Bhoutan. Lui a décollé de Paro, la capitale de son pays, jusqu'à Dehli (Inde), puis Londres et enfin Glasgow... mais plus tôt que prévu. "A cause du Covid-19, il n'y a qu'un seul vol par semaine depuis le Bhoutan. Pour être à l'heure pour notre première réunion, le 25 octobre, nous avons dû arriver le 19. Notre gouvernement a donc payé une semaine de logement pour rien", regrette-t-il.
D'autant que le prix des logements à Glasgow a explosé, allant jusqu'à 1 000 euros par nuit, souligne Le Monde. "Nous, on dort chez l'habitant, à environ 30 minutes de voiture" du lieu où se déroule la COP, précise ainsi le Béninois Appolinaire Gnanvi. Mardi, les organisateurs de la COP26 ont eux-mêmes reconnu les difficultés et ont présenté, dans un communiqué, leurs excuses pour "les désagréments rencontrés pour accéder" au sommet.
Des délégations restreintes
Même si elle est bel et bien arrivée à cette COP26, la délégation de Tshering Tashi pour le Bhoutan compte finalement 13 membres. "Nous aurions eu besoin de plus de monde, mais en rentrant, nous serons tous soumis à une quarantaine de deux semaines. On ne pouvait pas se le permettre", rapporte-t-il. "Le fait d'avoir des délégations restreintes va contraindre un certain nombre de pays et de parties à ne pas pouvoir participer ou suivre l'ensemble des sujets", décrypte pour Europe 1 David Levaï, chercheur à l'Institut de développement durable et des relations internationales.
Tshering Tashi a pourtant beaucoup à défendre. "Nous subissons les effets du changement climatique chez nous. Il y a deux semaines, en pleine saison des récoltes, nous avons eu plusieurs jours de très fortes pluies. Les agriculteurs ont tout perdu", raconte-t-il derrière son masque. Il est venu à la COP pour pousser les "gros pollueurs" à respecter leur promesse d'aider à hauteur de 100 milliards de dollars par an les pays pauvres à faire face à la crise climatique. Filant à toute allure à travers les allées de la conférence, Lafita Meatuai Paeniu Pita confirme : "Nous sommes en première ligne ! Il nous fallait être ici pour faire pression, pour parler de notre vulnérabilité." Son archipel est menacé de disparaître sous la montée des eaux.
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