Australie : malgré le réchauffement climatique, le gouvernement compte recourir au gaz au-delà de 2050, à rebours de ses promesses

Cette décision entre en contradiction avec l'engagement qu'avait pris le Premier ministre australien lors de son arrivée au pouvoir il y a deux ans. Elle provoque même un mouvement de rébellion dans ses propres rangs.
Article rédigé par franceinfo - Gregory Plesse
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Un militant écologiste porte un masque du Premier ministre australien, Anthony Albanese, le 8 mai 2024 à Sydney (Australie). (SAEED KHAN / AFP)

Vers la catastrophe climatique, l’Australie a décidé d’y aller à pleins gaz. En contradiction totale avec les recommandations des Nations unies et de l’Agence internationale de l’Énergie, le gouvernement australien a annoncé cette semaine une nouvelle stratégie gazière, consistant à multiplier les nouveaux forages, et à sanctuariser l’emploi de cette source d’énergie fossile, au-delà même de 2050, date à laquelle l’Australie s’est pourtant engagée à atteindre la neutralité carbone. 

Une politique qui va à l’opposé des promesses du gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir il y a deux ans, de faire de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité absolue, et qui va même jusqu’à provoquer un mouvement de rébellion dans ses propres rangs. 

La stratégie que le gouvernement d’Anthony Albanese vient de dévoiler consiste à autoriser l’ouverture d’immenses nouveaux forages de gaz naturel, une source d’énergie qu’il envisage par ailleurs d’utiliser au-delà de 2050. L’annonce a immédiatement déclenché une levée de boucliers, chez les associations écologistes et le parti des Verts, mais plus étonnamment aussi dans les propres rangs du parti travailliste.

Malaise parmi les députés du parti au pouvoir

Josh Burns s’en est ainsi ému sur la radio ABC. À 37 ans il est l’un des plus jeunes députés de son parti. "Je ne suis pas entré en politique pour servir de marchepied à l’industrie des énergies fossiles, tranche-t-il. Et puis j’ai la responsabilité pour ma génération, pour les suivantes, pour ma fille, de faire tout mon possible pour décarboner notre économie."

Ces réserves, exprimées publiquement, sont extrêmement rares en Australie. Le signe d’un malaise qui, selon Richard Denniss, le directeur du think tank The Australia Institute, ne se cantonne pas aux frontières de l’île-continent. "Au moment précis où cette stratégie gazière a été annoncée, la ministre des Affaires étrangères était en train de faire des chèques dans le Pacifique, pour aider les nations de la région à gérer le dérèglement climatique que l’expansion de notre secteur gazier va provoquer." 

"Je crois que cela illustre bien le cynisme de l’Australie en matière de politique climatique."

Richard Denniss, directeur du think tank The Australia Institute

à franceinfo

Dans sa stratégie, le gouvernement n’écarte pas le risque posé par le gaz naturel, dont il est déjà l’un des principaux producteurs mondiaux. Mais pour en compenser les effets, il compte miser sur une technologie promue par les industriels du secteur et dont l’efficacité reste à démontrer, la séquestration de carbone. Pas sûr en tout cas que cette nouvelle politique plaide en la faveur de l’Australie, qui espère accueillir la COP, avec le soutien des nations insulaires du Pacifique, en 2026. 

L'Australie relance sa production gazière : reportage de Gregory Plesse

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