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Climat : l'Atlantique Nord a-t-il déjà battu son record absolu de chaleur, un mois avant son pic habituel ?

L'Atlantique Nord est ainsi devenu un point d'observation emblématique de la surchauffe des océans de la planète sous l'effet du réchauffement climatique causé par les gaz à effet de serre.
Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz - avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une vue de l'océan Atlantique depuis un sentier côtier près de Porto, au Portugal, le 10 juin 2023. (ROMY ARROYO FERNANDEZ / NURPHOTO / AFP)

En cette fin juillet, la température moyenne de l'eau de surface dans l'Atlantique Nord est sur le point de battre son record absolu de chaleur. Et cela avec plusieurs semaines d'avance sur son pic habituel de température estivale (août-septembre), selon les prévisions de l'observatoire européen Copernicus et celles de Mercator Océan international, obtenues vendredi 28 juillet par l'AFP. Selon des données préliminaires communiquées le même jour par l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), qui utilise un autre système de mesure, ce record a même déjà été battu."Selon notre analyse, le record (...) est de 24,9°C, et a été observé le 26 juillet", a déclaré à l'AFP Xungang Yin, scientifique aux Centres nationaux pour l'information environnementale (NCEI) de l'agence américaine.

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La dernière mesure de Copernicus, non définitive, fait quant à elle état d'une température de surface moyenne de 24,70°C pour cette même journée, dans l'Atlantique Nord. Soit "en dessous du record de septembre 2022" établi à 24,81°C. Mais pour combien de temps ?

"Il est possible que ce record soit battu lors de la mise à jour des données" 

"A ce stade, ce n'est plus qu'une question de jours", a déclaré à l'AFP un porte-parole de Copernicus. Mais "il est possible que ce record soit battu lors de la mise à jour des données au cours du week-end ou en début de semaine prochaine", estime l'institut.

"Vu à quel point la température de surface dans l'Atlantique Nord est élevée en ce moment (et l'est depuis des semaines), il n'y a plus guère de doute sur le fait que le record de début septembre 2022 sera battu cet été."

Un porte-parole de l'observatoire Copernicus

dans des prévisions consultées par l'AFP

 

En règle générale, les experts du climat préfèrent se concentrer sur les tendances et changements de long terme, afin d'éliminer les variations simplement liées à la météo. La tendance compte donc davantage que la date précise à laquelle sera établi le record - laquelle sera connue quand les différents instituts publieront dans les semaines à venir des analyses plus fines basées sur les observations de terrain. Et sur ce point, toutes sont d'accord : le record de septembre 2022, s'il n'est pas déjà battu, ne tiendra pas longtemps. 

"Cette situation est extrême"

L'Atlantique Nord est devenu un point d'observation emblématique de la surchauffe des océans, sous l'effet de hausse des températures mondiales causées par les activités humaines. Selon Xungang Yin, la température de surface de l'Atlantique Nord "doit continuer à augmenter au cours du mois d'août", a-t-il prévenu, et il est donc attendu que le record annoncé vendredi par la NOAA soit de nouveau battu. La température de 24,9°C est "plus d'un degré plus chaud" que la normale pour cette période de l'année, une moyenne calculée sur 30 ans (entre 1982 et 2011), a-t-il souligné. Au niveau planétaire, la température moyenne des océans bat des records de saisons constamment depuis début avril, sous l'effet du réchauffement climatique. 

"Cette situation est extrême : on a déjà connu des vagues de chaleur marine auparavant, mais là c'est très persistant et distribué sur une large surface" de l'Atlantique Nord, souligne pour sa part Karina Von Schuckmann, du centre de recherches européen Mercator Océan international (MOi). Elle rappelle que les océans ont absorbé 90% de l'excès de chaleur du système terrestre créé depuis le début de l'ère industrielle. Or "cette accumulation d'énergie a doublé au cours des deux dernières décennies", alimentant le réchauffement global des océans, explique-t-elle.

Or, la hausse de la température de l'eau, même de quelques degrés seulement, peut perturber l'équilibre délicat des écosystèmes marins et avoir des effets en cascade sur la biodiversité.

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