Crises écologiques : des scientifiques à l'Assemblée nationale pour former les députés aux enjeux climatiques et à la biodiversité
Un premier séminaire s'est tenu, mercredi 19 octobre, au Palais Bourbon. Des scientifiques du Giec, du CNRS et du Haut Conseil pour le climat sont venus exposer aux élus l'état des connaissances sur le réchauffement climatique et l'érosion de la biodiversité.
Nous les avions quittés en juin sous un barnum de toile blanche, planté à plusieurs centaines de mètres de l'Assemblée nationale. Nous les retrouvons, mercredi 19 octobre, sous les lustres de la salle des fêtes du Palais Bourbon. Il y a six mois, ces scientifiques spécialisés dans le réchauffement climatique et l'érosion de la biodiversité avaient organisé une formation pour les députés en dehors du calendrier officiel. Leur démarche est désormais portée par la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet. "Notre message a été entendu. Ils ont compris que la recherche publique française est mobilisable et peut-être une source d'informations pour aider à la décision", se félicite Christophe Cassou, climatologue et instigateur de l'opération de juin.
Cet après-midi d'échanges est "une première étape d'une démarche de formation pour monter en connaissance, en conscience et en compétence", résume le co-auteur du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). "Nous voulons permettre aux décideurs de prendre conscience des enjeux et d'acquérir les connaissances de base sur le climat et la biodiversité", abonde Philippe Grandcolas, écologue et directeur de recherche au CNRS. L'économiste Yamina Saheb, co-autrice du Giec, est plus directe : "C'est important de parler aux politiques pour leur dire que ce qu'ils font actuellement va dans le sens inverse de l'histoire."
Une "inertie" avant tout politique
La première partie, composée de trois exposés, sur l'état du climat, les solutions pour limiter les dégâts et l'érosion de la biodiversité, a de fait permis aux scientifiques de rappeler que la France et le monde ne sont pas sur la bonne trajectoire pour limiter ces crises. "L'inertie devant nous, ce n'est pas le fonctionnement du climat, l'inertie, c'est notre capacité à réduire le plus vite possible les émissions et renforcer les puits de carbone", a martelé Valérie Masson-Delmotte, climatologue et coprésidente du groupe 1 du Giec.
"Tout investissement supplémentaire dans le charbon, le pétrole ou le gaz fossile contribuerait à dépasser le budget carbone pour respecter l'accord de Paris, ou à créer des actifs qu'il faudra abandonner avant la fin de leur durée de vie", a poursuivi Céline Guivarch, économiste et co-autrice du Giec. "Le déclin de la biodiversité aujourd'hui est 1 000 fois plus rapide que pendant les précédentes crises historiques des temps géologiques", a insisté Philippe Grandcolas.
Dans l'assistance, nettement plus clairsemée que si les 115 élus annoncés s'étaient présentés, quelques députés photographient les diapositives ou prennent des notes. En présentant les orateurs, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), l'a reconnu : "Les bouleversements sont là et que l'inaction n'est pas une option."
En conclusion des exposés, le président de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, Jean-Marc Zulesi (Renaissance) a lancé : "Nous, décideurs publics, législateurs, portons une responsabilité immense. Notre travail doit permettre de laisser un monde habitable à nos enfants." L'exercice, complété par des échanges thématiques entre petits groupes de scientifiques et députés, doit être renouvelé dans les prochains mois.
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