Dérèglement climatique : "En un demi-siècle la moitié de la surface de glace du massif des Écrins a disparu", alerte un guide de haute montagne dans les Alpes
Julien Charron est guide de haute montagne. Il anime aussi le groupe "Glacier" dans le massif des Écrins qui mesure l’évolution des réserves de glace en altitude. Et le bilan est assez spectaculaire : "En un demi-siècle les estimations c'est que la moitié de la surface de glace du massif a disparu, explique-t-il. Ça fait 50 kilomètres carrés sur les 100 et quelques qu'il y avait dans les années 70."
La fonte des glaciers dans les Alpes s’est très sensiblement accélérée depuis le milieu des années 80. Sur les 10 dernières années, ils ont perdu entre 1 mètre et 1,20 mètre par an, avec une situation exceptionnelle en 2022 où les glaciers ont fondu de trois à quatre mètres à cause des très fortes températures et du manque de neige. Le système Européen de surveillance du climat Copernicus souligne cet alarmant constat dans son état du climat publié jeudi 20 avril. "Les trois quarts des glaciers dans les Alpes françaises devraient disparaître d’ici 2050, avec des conséquences sur les réserves en eau", pointe Christian Vincent chercheur au CNRS et à l’institut des géosciences de l’environnement.
Des cours d'eau aux "débits de plus en plus faibles"
"Aujourd'hui, reprend le scientifique, les cours d'eau à proximité des montagnes sont fortement alimentés par les glaciers en août et en septembre, ça correspond à une période de fonte de la glace. Dans le futur, avec la disparition des glaciers, les cours d'eau risquent d'avoir des débits de plus en plus faibles". Pour s’adapter, aux pieds des montagnes, certains élus envisagent déjà la solution des retenues d’eau. Le sujet est inflammable aujourd’hui dans le pays, mais incontournable estime le maire de Saint-Gervais, Jean Marc Peillex. "Quand il fait chaud les glaciers fondent et notre eau part vers Marseille", indique l'élu.
"Notre problématique c'est d'éviter que notre ressource en eau ne parte trop vite parce qu'elle n'a pas le temps de s'infiltrer dans les nappes phréatiques."
Jean-Marc Peillex, maire de de Saint-Gervaisà franceinfo
"Quand on parle de retenues collinaires, reprend Jean-Marc Peillex, on ne parle pas de grandes bassines. C'est un moyen pour conserver l'eau. On n'a pas envie de voir fondre toute notre eau". La fonte de ces glaciers risque aussi de poser des problèmes de sécurité, avec le délitement de certaines roches et la formation de nouveaux lacs qui pourraient provoquer des submersions.
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