COP28 : pourquoi les Suisses émettent-ils autant de CO2 ?
Petit pays mais grosse empreinte carbone. La Suisse et ses habitants ont une empreinte carbone plus proche d'un Américain que d'un Français. Et comme tous les pays du monde entier, la Suisse est présente pour la COP28 aux Émirats arabes unis, du mercredi 30 novembre au 12 décembre, pour accélérer la lutte contre le changement climatique.
Connu pour son air pur, ses trains et ses barrages mais aussi pour son énorme empreinte carbone. Quand on la rapporte à sa population, les émissions annuelles de gaz à effet de serre d'un Suisse moyen représentent 11,63 tonnes d'équivalent CO2, selon le journal Le Temps.
Le pays du train mais aussi de la voiture et des avions
Alors pourquoi les Suisses émettent-ils autant de CO2 ? Une des explications concerne le transport aérien. L'aéroport international de Genève, 18 millions de passagers par an avant le Covid-19, propose des départs quotidiens et pour une bouchée de pain vers la plupart des capitales européennes. Les Suisses prennent l'avion comme d'autres prennent la voiture. "Les Suisses prennent trois fois plus l'avion que nos amis européens, explique Jean-Pascal Gillig, qui travaille au WWF, le Fonds mondial pour la nature. Évidemment, il y a un fort pouvoir d'achat. Il y a un hub d'avions low cost basés à Genève, c'est une tentation importante pour prendre l'avion pour le week-end ou pour les vacances."
Mais ce n'est rien en comparaison de la voiture. La route représente près d'un tiers des émissions de CO2 des Suisses. Paradoxal, au pays du train. "On a une infrastructure ferroviaire que beaucoup de pays nous envient mais notre parlement fédéral vient d'accorder pour plusieurs milliards de francs suisses pour l'élargissement et de nouvelles autoroutes. C'est assez absurde en période de crise alors que l'objectif c'est de laisser la voiture au garage", déplore Jean-Pascal Gillig.
Une compensation carbone à l'étranger
Laisser la voiture et réduire les émissions grises, c'est-à-dire ces émissions qu'émettent les Suisses dès qu'ils achètent des produits venus de l'étranger. Les véhicules, le pétrole, les biens de consommation courante ou le plastique – les Suisses en consomment trois fois plus que la moyenne européenne. Heureusement, Berne a une solution avec la compensation carbone à l'étranger. La Suisse finance des projets de décarbonation dans les pays du sud et intègre ces résultats dans son propre bilan carbone.
Pour Augustin Fragnière, directeur adjoint du centre de compétence en durabilité à l'Université de Lausanne, c'est mieux que rien, mais tout dépend de la façon dont on le fait : "La Suisse n'est pas la seule mais elle est clairement dans le peloton de tête à ce niveau-là. Le Japon a aussi des programmes de compensation, la Suède mise aussi sur la compensation mais avec une grande différence, ce pays a intégré ses émissions indirectes, celles qui sont liées aux produits importés dans le pays dans ses objectifs, ce qui n'est pas le cas de la Suisse."
Officiellement, la Suisse a prévu d'atteindre la neutralité carbone en 2050, mais le mouvement ne va pas de soi. Les Suisses ont d'abord refusé dans les urnes la loi sur le C02 qui doit permettre au pays d'atteindre les objectifs de l'accord de Paris. Avant de l'accepter en 2022, mais sous une forme nettement allégée.
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