Crues et inondations : on vous explique pourquoi la montée des eaux a été particulièrement rapide et violente
L'épisode pluvieux a "atteint son terme", a confirmé la ministre de la Transition écologique vendredi 18 octobre. En déplacement dans la Loire, Agnès Pannier-Runacher a toutefois mis en garde : "Il y aura encore des inondations." En attendant, cet épisode dans son ensemble est déjà décrit par la ministre comme "inédit par son ampleur, sans doute l'expression du dérèglement climatique".
La veille, Agnès Pannier-Runacher confirmait lors d'un point-presse que l'Hexagone faisait face non pas à un seul phénomène, mais à "trois épisodes météorologiques différents" : un épisode cévenol, un épisode méditerranéen notamment dans les Alpes-Maritimes et une dépression.
Des phénomènes amplifiés par la hausse des températures moyennes à l'échelle du globe, provoquée par l'accumulation dans l'atmosphère des gaz à effet de serre issus de l'activité humaine.
Parce que l'épisode méditerranéen a été très intense
Les épisodes méditerranéens "sont liés à des remontées d'air chaud, humide et instable en provenance de la Méditerranée, qui peuvent générer des orages violents, parfois stationnaires", explique Météo-France. Ils se forment à l'automne, quand la mer est encore chaude, ce qui favorise une forte évaporation. Quand cette vapeur d'eau rencontre en altitude l'air froid qui arrive généralement de l'Atlantique, il se produit ce que les météorologues appellent un conflit de masses d'air. Ce dernier engendre alors de violents orages qui frappent régulièrement le sud de la France.
La région est particulièrement propice à recevoir des précipitations intenses en raison de sa topographie, expliquait le météorologue Patrick Marlière sur franceinfo. "Le phénomène en lui-même n'a rien d'exceptionnel, soulignait-il. Mais les quantités de pluie sont de plus en plus importantes et inévitablement, cela est relié au dérèglement climatique". La hausse des températures mondiales "permet à l'air de contenir davantage de vapeur d'eau", abonde le chercheur Aurélien Ribes, interrogé par Le Monde.
En Méditerrannée, les canicules marines observées ces dernières années en raison du réchauffement climatique augmentent également l'intensité potentielle des précipitations, en raison d'une évaporation plus forte. L'intensité du dernier épisode pluvieux a ainsi été "survitaminée" par le passage de la dépression Leslie, a expliqué le météorologue Yann Amice à Ouest-France. Dans un bilan détaillé, Météo-France a ainsi fait savoir que "200 mm" de précipitations étaient tombés, "avec localement des cumuls dépassant nettement 600 mm en deux jours".
Depuis le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises à Paris, le Premier ministre Michel Barnier a souligné le caractère exceptionnel de ce nouvel épisode.
"On n'a pas connu, de mémoire d'homme et de service ici, un épisode cévenol d'une telle violence depuis 40 ans."
Michel Barnier, Premier ministrecité par l'AFP
En Ardèche, à Mayres et à Loubaresse, il est tombé l'équivalent de plus de deux mois de pluie en deux jours, confirme Météo-France, affichant des valeurs inédites tous mois confondus (respectivement 694 mm et 686 mm). A Annonay, où ont été filmées jeudi les images impressionnantes d'un centre-ville englouti, l'équivalent d'un mois de pluie est tombé en deux jours (132 mm).
Parce que toute la France a été balayée par les pluies
Dans ces conditions, dès jeudi, les pluies tombées sur les Pyrénées ainsi que sur tout le Sud-Ouest, arrivées de la façade atlantique sous l'influence des restes de la dépression Leslie ont aussi fait déborder les cours d'eau. C'est le cas ici, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, où il est tombé par endroits plus de 100 mm de précipitations.
Vendredi matin, Météo-France a indiqué que "depuis le début de l'épisode pluvieux", des cumuls "conséquents" avaient touché le Tarn, l'Aveyron, le Lot, le Tarn-et-Garonne ainsi que les Hautes-Pyrénées. Enfin, du Sud-Ouest au Centre, il est tombé en vingt-quatre heures l'équivalent d'un mois de pluie, avec en moyenne 30 à 60 mm, et 80 mm localement, comme à Blois (Loir-et-Cher), Chaillac (Indre) et Beynat (Corrèze), détaille Météo-France. "L'Ile-de-France a été également touchée par des pluies soutenues : 20 à 40 mm sur la moitié ouest, localement 40 à 50 mm."
Parce que les sols étaient déjà saturés d'eau
Mais les dégâts ne s'expliquent pas uniquement par les importants cumuls de pluie. "De nombreuses zones avaient déjà été touchées la semaine dernière par la dépression Kirk. Les fortes pluies sont ainsi venues s'ajouter à des sols totalement saturés en eau", a expliqué Météo-France.
À Rive-de-Gier (Loire), les habitants découvrent l'ampleur des dégâts, qui sont considérables.
— franceinfo (@franceinfo) October 18, 2024
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Comme le rapporte la journaliste Anne Le Gall sur franceinfo, ces précipitations surviennent après le mois de septembre le plus pluvieux depuis 25 ans, alors que "dans certaines régions", le Bureau de recherches géologiques et minières faisait état la semaine précédente "de risques d'inondations par 'remontées de nappe', ce qui signifie que la réserve d'eau souterraine est tellement haute qu'elle peut remonter jusqu'au niveau du sol, et ainsi créer des inondations en surface".
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